Une application québécoise veut prendre sa place dans nos écoles
Publié dans le Journal de Montréal - 17 août 2024 - On peut lire le texte ici
Classavatar promet de faciliter la gestion des classes pour les enseignants
Classavatar, une jeune PME québécoise, veut implanter son application de gestion de classe à travers le Québec et détrôner sa concurrente américaine.
«Avec notre application, la classe devient une communauté, explique Isabelle Lemieux, présidente de Classavatar et enseignante de formation ayant 22 ans d’expérience. L’application permet à l’enseignante d’établir les règles de la classe, un système de motivation et de rétroaction positive, un fil d’actualités qui partage des nouvelles quotidiennes avec les parents ainsi qu’une messagerie. Bientôt, nous offrirons un portfolio numérique des réalisations des élèves.»
En classe, Classavatar fonctionne à partir du tableau interactif (TDI) et est contrôlée par l’enseignante. Les parents se créent un compte et fréquentent un site internet adaptatif à partir de leur ordinateur, téléphone ou tablette. Ils peuvent recevoir des notifications par texto. Chaque enfant a son avatar.
Dynamique positive
«À la rentrée, l’enseignante peut organiser une activité de créations d’avatars, reprend Mme Lemieux. L’application stimule l’apprentissage des comportements attendus grâce à une classe virtuelle projetée à l’écran. Chaque enfant y apparaît avec son avatar. Tout est axé sur l’effort et les comportements, pas les résultats scolaires. Il s’instaure une dynamique d’action/réaction positive.» L’application instaure un système de récompenses. En un mot, Classavatar remplace les petites étoiles vertes de nos cahiers d’antan.
«C’est une utilisation saine des technologies, qui fait appel à la ludification pour encourager les comportements positifs», souligne Guillaume Germain, PDG de l’Agence Monolith, une PME du Vieux-Montréal spécialisée en ingénierie créative et en technologies en ligne. Monolith est associée au sein de Classavatar. Elle s’est illustrée pour ses avatars à l’émission Dans l’œil du dragon, il y a quelques années.
À une époque où l’on s’interroge sur la surexposition des enfants aux écrans, les dirigeants de Classavatar insistent sur le fait que les élèves n’utilisent ni téléphone ni tablette en classe. «Les enseignants constatent la démotivation généralisée des enfants depuis quelques années, poursuit Isabelle Lemieux. On fait appel à des outils appropriés pour stimuler une génération qui est née et qui maîtrise la technologie.»
Elle soutient qu’elle a travaillé en collaboration avec le ministère de l’Éducation, dont elle a répondu à plusieurs exigences sur le plan des pratiques éducatives. Le Ministère ne l’a pas approuvée.
Modèle d’affaires
Classavatar est gratuite pour enseignantes et élèves. Les parents devront débourser 2,99$ par mois. «La PME propose un système de parrainage, où des parents peuvent anonymement payer pour ceux qui ne peuvent assumer cette facture. S’il le désire, un parent peut même assumer la facture de toute une classe, voire l’école au complet! C’est une forme de philanthropie jamais vue en éducation», explique Guillaume Germain.
L’entreprise entend s’implanter alors que son principal concurrent, ClassDojo, une multinationale de San Francisco évaluée à 1,25 milliard $ US, a dû se retirer des écoles québécoises lors de l’entrée en vigueur, en 2022, de la loi 25, qui exige que les renseignements personnels des parents soient conservés sur des serveurs situés au Canada.
ClassDojo confie ses données à Amazon et se défend de vouloir les vendre à de tierces parties, comme l’a évoqué le journal britannique The Guardian. «Nous ne partagerons jamais nos données avec qui que ce soit. Notre modèle d’affaires est à vocation sociale», réitère Guillaume Germain.
Classavatar développe une application pour téléphones et entend percer hors du Québec dès l’an prochain. Plus d’une quinzaine de personnes travaillent à son développement. Une campagne de sociofinancement sur La Ruche est prévue à l’automne.
«Nous fréquentons les salons de l’apprentissage, échangeons avec les conseillers pédagogiques et communiquons avec des groupes d’enseignants sur réseaux sociaux. Depuis le lancement de notre version Beta, en 2023, nous sommes très bien accueillis par les enseignantes, qui cherchent des solutions pour créer un sentiment d’appartenance autour de la classe et de l’école, notamment chez les parents», conclut Isabelle Lemieux.