Difficile de rectifier les erreurs dans votre dossier de crédit
Publié dans le Journal de Montréal - 25 janvier 2025 - On peut lire le texte ici
J’ai trouvé une erreur dans mon dossier de crédit à Equifax. Ma demande de correction a avorté. Je suis loin d’être le seul dans cette situation.
Il est préférable de vérifier chaque année, gratuitement, votre dossier de crédit à Equifax et à TransUnion. Pourquoi? Parce qu’il y a de fortes chances qu’il s’y trouve des erreurs.
«On a vu des gens avoir des difficultés à obtenir du crédit, à s’assurer ou à se trouver un logement ou un emploi à cause d’erreurs dans leur dossier de crédit», commente Sara-Eve Levac, avocate et analyste à Option Consommateurs.
Dans plusieurs cas, elles peuvent être facilement corrigées. Mais ça se corse pour certaines personnes.
On a vu des locataires gagner une cause devant le Tribunal administratif du logement, ou des victimes de fraude demander des changements, en vain. Car c’est au propriétaire ou au créancier d’indiquer ces informations aux agences de crédit comme Equifax ou TransUnion. Plusieurs ne le font pas, souvent par mesquinerie.
Certaines personnes sont victimes de fraude bancaire ou par carte de crédit: c’est à l’institution financière de rectifier les faits auprès d’Equifax ou TransUnion. Parfois, ça ne fonctionne pas. Certains doivent aller jusqu’à la cour des petites créances!
Beaucoup d’erreurs
Aucune étude ne recense le taux d’erreurs dans les dossiers de crédit au Canada. Aux États-Unis, le magazine Consumer Reports rapporte que 44% contiennent des erreurs, dont 27% pourraient affecter négativement la cote de crédit. Selon le Public Interest Research Group (PIRG), un regroupement d’associations de consommateurs, 79% des dossiers sont erronés!
Peu importe la proportion, rien n’indique que la situation serait différente chez nous, puisque les agences sont les mêmes.
«Beaucoup de gens qui nous rapportent des erreurs sont incapables de les faire rectifier. Dans bien des cas, c’est tellement long et complexe qu’ils se sentent comme dans une maison de fous», souligne Maxime Dorais, codirecteur général de l’Union des consommateurs. «Il y a un manque flagrant de transparence; les algorithmes des agences de crédit sont un trou noir. Pour nous, la solution, c’est que les dossiers de crédit soient nationalisés. Ce n’est pas normal que des informations personnelles aussi sensibles soient gérées par un oligopole de sociétés étrangères.»
En ce qui me concerne, j’ai fait une demande de correction en utilisant le formulaire en ligne d’Equifax. Ce fut long et très laborieux. Plusieurs questions (ou réponses) n’étaient pas claires. Au bout de 48 heures, on m’a répondu un charabia signifiant que ma demande de correction n’avait pas pu aboutir.
Quelles sont mes options? «On recommande d’utiliser le formulaire disponible [dans] le site internet de la Commission d’accès à l’information du Québec (CAI) et de l’envoyer à Equifax ou [à] TransUnion», explique Mme Levac. «Selon la Loi, ils ont 30 jours pour répondre. Sinon, vous pouvez porter plainte à la CAI.» Vous pouvez aussi utiliser le même formulaire pour régler un différend avec un commerçant.
Vous pouvez aussi demander d’ajouter une note explicative à votre dossier de crédit. Les créanciers la verront, mais votre cote de crédit restera inchangée.
«Si, après avoir obtenu gain de cause auprès de la Commission d’accès à l’information, et que l’agence de crédit refuse toujours de rectifier la situation, vous pouvez déposer une plainte auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) contre l’agence de crédit», précise Maxime Dorais, de l’Union des consommateurs.
Conseils
• Comment contester les renseignements dans votre dossier à Equifax (1-800-465-7166 ou 1-866-828-5961) et à TransUnion(1-877-713-3393).
• Guides de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada(ACFC) et d’Option consommateurs.
• Page du dossier de crédit de la Commission d’accès à l’information(1-888-528-7741).
• Porter plainte à l’Autorité des marchés financiers (AMF: 1-877-525-0337)
• Pour les fournisseurs de services internet, de cellulaires ou de câble, la Commission des plaintes relatives aux services télécom télévision (CPRST) offre un service de médiation.