Louer ou acheter: devenir propriétaire n’est pas un choix logique

Publié dans le Journal de Montréal - 9 février 2025 - On peut lire le texte ici

On dit souvent qu’acheter une propriété, c’est le plus gros investissement d’une vie.

Mais, contrairement à ce qu’on entend autour de soi, acheter une maison ou un condo n’est pas un choix logique: c’est une décision avant tout émotive, et surtout, une question de valeurs et de convictions. Conséquemment, il faut être une personne assez déterminée pour transformer ce projet en réalité.

Les questions d’argent viennent donc en second lieu.

Pourquoi? Parce que les gens croient que la finance, c’est un domaine froid et logique, voire mathématique. Il n’en est rien. Les questions financières reflètent avant tout les aspirations des humains. L’argent n’est, en quelque sorte, que l’huile dans le moteur de nos rêves.

«Il n’y a pas meilleur endroit que chez soi», affirme le personnage de Dorothy dans le film The Wizard of Oz. C’est vrai: notre lieu de vie, c’est notre cocon de sécurité, c’est lié à notre besoin fondamental d’avoir un toit. Mais c’est aussi une affirmation de notre statut social, de notre style de vie.


Des notions qui ne tiennent plus

Jusqu’à tout récemment, le monde se divisait en deux catégories: les propriétaires et les locataires. Dans l’imaginaire populaire, les premiers sont riches et respectés, les seconds, pauvres ou sans ambition.

De nos jours, ces notions ne tiennent plus pour une foule de facteurs, dont la crise mondiale que le secteur immobilier est en train de traverser. Celle-ci affecte autant les propriétaires que les locataires et elle est alimentée par la démographie.

Des facteurs comme le réchauffement climatique (et les catastrophes naturelles en série), les guerres, l’inflation, la fluctuation des taux d’intérêt, la crise des chaînes d’approvisionnement liée à la pandémie, l’immigration massive alimentée notamment par les réfugiés politiques et climatiques, les plateformes de location comme Airbnb, la spéculation, les flips, l’achat de propriétés par des étrangers, font en sorte que construire, rénover, acheter ou louer des logements ou des maisons coûte de plus en plus cher. Tellement que, faute de rentabilité, il se construit moins d’habitations (maisons, appartements, condos) qu’il n’en faut pour satisfaire à la demande.


PHOTO FOURNIE PAR GROUPE LIVRE QUÉBECOR

Tant pour les propriétaires que pour les locataires, les conséquences sont imparables. Il s’agit du capitalisme 101: quand la demande excède l’offre, les prix grimpent.

Se loger adéquatement est certes un besoin fondamental et même un droit. Mais les gouvernements sont clairement à la traîne face à une crise du logement qui risque de perdurer pendant des décennies.

Dans ce contexte, les avantages ou inconvénients d’être locataire ou propriétaire deviennent de plus en plus flous. Pourtant, les clichés associés à chaque mode de vie prennent toujours de la place dans la psyché populaire.

Quels sont les critères pour déterminer s’il vaut mieux être locataire ou propriétaire? Chaque formule a du bon et du mauvais, mais pas nécessairement là où on le croit, surtout lorsqu’on conjugue qualité de vie et finances personnelles.

Vous devez vous assurer que vos finances ne seront pas menacées par une préparation inadéquate ou des choix malavisés, et ce, peu importe votre décision. D’autant plus que, pour la plupart des gens, se loger demeure le poste principal des dépenses des ménages: aussi bien être prudent et méthodique pour faire un choix selon ses aspirations.

Être à son affaire

«Si on veut devenir propriétaire, on doit avant tout vérifier si on en a la capacité budgétaire, affirme Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire chez Option consommateurs. On doit donc évaluer plusieurs choses. Est-ce qu’on a épargné la mise de fonds initiale (entre 5% et 20%)? A-t-on l’intention d’utiliser certains programmes comme le RAP ou le CELIAPP? Est-on déterminé à faire certains sacrifices et à limiter son train de vie?»

Mais surtout, il faut être à son affaire.

Savoir où on s’en va, ça signifie qu’un futur propriétaire s’assure que son budget permettra de couvrir toutes les obligations liées à sa propriété: paiement hypothécaire, taxes foncières, entretien (environ 2% de la valeur de la maison), constitution d’un fonds pour les réparations urgentes, et autres dépenses (assurances, électricité, chauffage, etc.).

Autrement dit, on en revient toujours au budget: «Si vous vous privez de vivre ou de manger parce que vous avez acheté une propriété, ça ne marche pas», ajoute Mme Le Blanc.

Vous aimez cet extrait? Lisez le livre Louer ou acheter, de Stéphane Desjardins, pour en apprendre plus sur l’achat d’une propriété!

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