Est-ce avantageux d’emprunter pour contribuer à son REER?
Publié dans le Journal de Montréal - 8 février 2025 - On peut lire le texte ici
La question mérite d’être posée, mais la réponse dépend de chacun.
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Certaines personnes veulent bénéficier d’un «effet de levier», c’est-à-dire d’un rendement plus grand lié à un capital plus important. D’autres veulent diminuer ou même éliminer leurs droits de cotisations inutilisés, ou contribuer le maximum autorisé. Certains veulent tout simplement se forcer à épargner ou contribuer avant la date limite.
«C’est le rendement qui fait foi de tout, commente Dany Provost, directeur optimisation fiscale chez SFL Expertise. Si le rendement de vos placements REER est plus élevé que votre coût d’emprunt (soit les intérêts que vous payez sur votre prêt REER), ça pourrait être intéressant. Sinon, vous vous appauvrissez.»
Par contre, si une personne est indisciplinée au point d’être incapable d’épargner, mais qu’elle en a les moyens, un prêt REER s’impose peut-être.
M. Provost souligne que si vous êtes incapables de contribuer à votre REER autrement que par un prêt, ça signifie peut-être que vos revenus ne sont pas assez élevés pour assumer vos obligations financières tout en constituant un capital-retraite, ou que vous vivez au-dessus de vos moyens.
D’autre part, si, à la retraite, vos revenus sont peu élevés et que vous avez droit au Supplément de revenu garanti, emprunter pour contribuer à son REER est hors de question.
Des risques
«Pour une majorité de contribuables, l’effet de levier se traduit par un rendement additionnel qui représente des pinottes, ajoute Dany Provost. Et c’est beaucoup de paperasse pour obtenir de tels résultats.»
D’autant plus qu’il y a des risques, comme celui de perdre son emploi alors qu’on doit rembourser le prêt REER.
«J’ai vu des gens emprunter 100 000$ ou ajouter 20 000$ à leur marge personnelle pour maximiser leur REER; c’est une très mauvaise idée, déclare Nathalie Bachand, planificatrice financière chez Bachand Lafleur. Le jour où vous êtes incapables de rembourser cet emprunt, vous faites quoi? Un retrait REER, qui sera imposé au taux maximum?»
Mme Bachand estime qu’il est plus avantageux d’instaurer un virement à chaque paie équivalent à un paiement de prêt REER. Vous évitez ainsi de payer de l’intérêt.
Certains spécialistes estiment qu’un prêt REER est peut-être intéressant si vos revenus sont élevés, que votre taux marginal d’imposition est de plus de 36% et que votre ratio d’endettement (vos revenus mensuels, moins vos paiements mensuels) ne dépasse pas 35%.
Nicolas Bédard, un étudiant de HEC Montréal, a toutefois soumis un mémoire de maîtrise en 2019 où il concluait que, pour la majorité des gens, emprunter pour contribuer à son REER n’est tout simplement pas financièrement avantageux.
CONSEILS
La plupart des spécialistes conseillent une période de remboursement de 12 mois ou moins et d’affecter intégralement son retour d’impôt au remboursement du prêt REER.
Magasinez votre institution financière, car certaines offrent un taux plus bas pour les prêts REER.
On peut utiliser sa marge de crédit hypothécaire pour contribuer davantage à son REER, du moment qu’on augmente le paiement mensuel en conséquence.
Les intérêts pour un prêt REER ne sont pas déductibles d’impôt.