Éric Dionne utilise l’intelligence artificielle pour gérer des immeubles
Publié sur le site web du Réseau M, 29 janvier 2019On peut lire l'article ici.
« On est un peu le Uber de l’immobilier ». C’est ainsi que Éric Dionne décrit sommairement Wazo, sa société d’administration immobilière numérique.
L’entreprise offre des solutions administratives pour les sociétés et les gestionnaires de grands parcs immobiliers. Elle fait appel à l’intelligence artificielle pour automatiser la part administrative de cette gestion : « On se concentre sur la création de valeur à partir de tâches qui déplaisent aux gestionnaires, en automatisant toute la gestion documentaire, explique-t-il. Les gestionnaires peuvent donc se concentrer sur les relations avec les locataires et l’entretien ou la réparation des immeubles. »La technologie développée par Wazo automatise l’ensemble des opérations comptables. Elle lit les factures, effectue toutes les écritures dans les livres comptables, archive les documents sur un nuage sécurisé, effectue la compensation bancaire entre le propriétaire et ses intermédiaires (locataires, fournisseurs…). La technologie envoie également des messages pour faciliter la prise de décision et certaines vérifications effectuées par les propriétaires.Découvrez d'autres entrepreneurs de la Mission France 2019 :Mirka Boudreault vise la planète« La gestion documentaire est lourde pour les propriétaires et sociétés qui gèrent des dizaines, voire des centaines de logements, ajoute-t-il. Ça prend beaucoup de place et de temps pour administrer du papier. Il faut être très organisé. Pour un propriétaire ou une firme de gestion, la création de valeur se situe ailleurs : dans l’opérationnel. »
Un marché intermédiaire
Les très grandes firmes de gestion immobilière et les fiducies de revenus, qui sont souvent cotées en Bourse, disposent de leurs outils maison. Mais aucune technologie ne s’adressait aux propriétaires ou aux firmes qui gèrent une dizaine à plusieurs centaines de logements.Dans ce contexte, Éric Dionne a lancé Wazo il y a un peu plus d’un an. « J’avais un emploi chez Cansel, une société qui offre des instruments de mesure de haute précision, notamment pour l’industrie minière ou de la construction. J’étais responsable du développement des affaires pour le Québec. J’avais un très bon poste, un gros salaire, je montais dans l’entreprise, j’étais le dauphin en sol québécois. Mais je sentais, petit à petit, une sorte de prison dorée se refermer sur moi. Je voulais plus de liberté. Et j’aimais l’immobilier depuis toujours. Je me suis donné une année pour peaufiner mon projet et pour me perfectionner en finance immobilière, question de connaître toutes les variables. »Il a donc suivi un cours de gestion immobilière et rencontré son futur associé, Kevin Pepin… qui lui donnait le cours! Ce dernier avait un concept en tête et les deux futurs associés s’entendent rapidement sur un projet d’entreprise : « Il est comptable de formation; moi, j’apportais le côté business et technologique, reprend Éric Dionne. J’ai discuté du projet avec ma femme et, deux jours plus tard, je démissionnais de mon poste. Ce fut la meilleure décision de ma vie. »Au début, les associés créent l’environnement technologique et engageaient des légions de personnes pour y entrer des données. Le processus est fastidieux. « On s’est dit qu’il fallait l’automatiser, poursuit-il. On a travaillé avec des programmeurs, monté l’architecture, créé l’application mobile; puis, on a rencontré un spécialiste pour faire démolir notre plan, car on le savait très sceptique de notre projet. Il a été tellement enthousiaste qu’il a investi dans notre compagnie! »Éric Dionne considère assez archaïque le marché immobilier. « Ils sont enterrés dans le papier, dit-il. Quand je parle d’intelligence artificielle et d’immobilier dans la même phrase, je suscite beaucoup de réactions. On a cherché l’opinion de géants de l’industrie et ils ont été soufflés par notre technologie. Cette dernière valorise l’intelligence derrière le marché, car elle permet de fixer très précisément la valeur des immeubles et les coûts de gestion et d’entretien. Ça permet aux propriétaires de mieux fixer leur valeur économique, car le marché est actuellement grandement basé sur des abstractions. »
La difficile vie d’entrepreneur
M. Dionne a abandonné un salaire dans les six décimales pour ne retirer aucun revenu durant sa première année comme entrepreneur. « Ça été l’année la plus difficile, mais la plus intéressante de ma vie, dit-il. Mais, ce n’est un secret pour personne, le statut d’entrepreneur entraîne un certain isolement. J’avais beau en parler avec ma femme, mes amis, ils ont leurs limites. J’avais besoin de partager mes doutes, mes craintes, mes questionnements avec un entrepreneur qui avait déjà vécu la période que je traversais. J’ai contacté le Réseau M, je me suis inscrit au mentorat et je ne l’ai jamais regretté. Le Réseau M, c’est justement un réseau! »Les rencontres qu’il tient avec son mentor, un entrepreneur techno, durent des heures, confie-t-il. Et elles enrichissent les deux membres de la dyade. « On équilibre les rêves, les visions, les problèmes, les défis, avec la réalité, dit-il. Y’a juste un entrepreneur qui peut connecter ainsi avec un autre entrepreneur! »Éric Dionne est un grand lecteur de guides et d’essais, mais aussi de romans, surtout français. La Mission France s’est rapidement imposée à son esprit, car il gère aussi plusieurs immeubles à revenus couplés à des services clé en main pour travailleurs étrangers qui s’installent ici. La plupart viennent de France. « Je leur loue à distance, je leur envoie des cartes Google, je vais les chercher à l’aéroport et les reconduis dans des logements meublés. J’ai une relation quasi quotidienne avec la France », dit-il.Wazo a embauché Price Waterhouse Coopers pour développer l’international, notamment l’Europe. La Mission France s’est imposée comme une opportunité. « Beaucoup de grandes sociétés évoluent dans le marché européen, dit-il. J’entends m’informer sur leurs processus de gestion et chercher des idées pour développer davantage notre technologie. »Enfin, le nom de Wazo est basé sur le principe d’une vue très aérienne du marché immobilier. Mais, sur un plan plus personnel, le père d’Éric Dionne, un passionné d’immobilier, sculptait des oiseaux. « Les oiseaux sont devenus une évidence… » Une collaboration de Stéphane Desjardins.