Un dimanche à la campagne

06/09/2004 Photographe: St?phane Lieu: LaSalle, Moulin Fleming Personnage:Publié dans Vélo Urbain, avril 2013, page 10On peut lire l'article ici.Textes: Pierre Sormany, David Desjardins, Stéphane Desjardins / Photo: Stéphane DesjardinsQUÉBEC Vers l’ouest La promenade Samuel-De-Champlain est mieux qu’une simple piste cyclable. C’est un accès au fleuve enfin retrouvé, après des décennies d’occupation par les pétrolières qui, il n’y a pas si longtemps, semaient des chapelets de réservoirs tout le long du littoral entre les ponts et le Vieux-Port. Désormais magnifiquement aménagée pour les piétons et les cyclistes (sur des voies distinctes entre la côte de l’Église et le quai des Cageux), ce couloir interdit à la circulation automobile connaît une immense popularité, si bien que les fins de semaine de beau temps, on s’y marche un peu sur les pieds. Il vaut la peine de descendre de selle au moins quelques fois, ne serait-ce que pour admirer les nombreuses œuvres d’art contemporain qui ponctuent la balade, ou encore pour profiter de l’une des langues de sable aux abords de la marina de Sillery et, un peu plus à l’est, visiter l’anse Brown qu’on a complètement retapée. Revenu en ville, on peut éviter la circulation en suivant la piste qui s’étire jusqu’aux berges de la rivière Saint-Charles. D.D. Vers l’est Techniquement, le segment de piste qui relie le centre-ville à la chute Montmorency appartient au même corridor du littoral que la promenade Samuel-De Champlain. Mais ici, du moins pour un moment, le décor se métamorphose et propose un paysage davantage industriel. Aux abords de la rivière Saint-Charles, on oblique vers l’est, sous les bretelles de l’autoroute Dufferin-Montmorency (providentielles s’il pleut!), entre les terrains de la papetière Stadacona et l’enchevêtrement de voies ferrées de la gare de triage. Bien vite, cependant, on plonge dans la verdure au parc du Domaine de Maizerets, et la piste retrouve le fleuve, en permettant d’accéder à vélo à la baie de Beauport. Arrivé à la chute Montmorency, on peut profiter du parc, monter en téléphérique jusqu’au manoir et jouir de la vue qui s’offre: le fleuve, l’île d’Orléans, Lévis. Ou alors, on peut poursuivre. La voie cyclable s’étend désormais jusqu’à Château-Richer. Tout au bout, un petit pont enjambe la rivière. Le moulin, comme la ferme tout près, nous rappellent qu’on traverse alors ce qui fut autrefois le garde-manger de la Nouvelle-France. D.D. Direction nord Le tracé de la piste cyclable, dicté par la voie ferrée qu’elle remplace, lui confère son nom de Corridor des cheminots. Accessible depuis la ville (et par le Corridor du littoral, tout juste avant le Domaine de Maizerets), il traverse Limoilou, Charlesbourg, Wendake, Val-Bélair puis, 22 km plus tard, à Shannon, il perd son revêtement asphalté qu’il troque pour de la poussière de pierre. C’est là que la plupart vont rebrousser chemin et prendre la pente descendante pour l’agréable retour en ville. Mais les audacieux qui ne craignent pas la légère instabilité de la surface ne seront pas déçus. Au nord de la rivière Jacques-Cartier les attendent des décors forestiers dont le potentiel de poésie varie selon la saison, passant de la luxuriance des verts touffus à l’émouvante saturation chromatique de l’automne, lorsque la forêt aux abords du lac Saint-Joseph, près de la Station Duchesnay, se pare de jaunes, d’orange et d’écarlates flamboyants. Remarquez que les belles attractions naturelles ne manquent pas non plus le long la section pavée. Au cœur de Wendake, la rivière Saint-Charles se fait fougueuse, et se déchaîne carrément à la chute Kabir Kuba. D.D. Côté sud Inutile de se donner la frousse et de traverser le pont de Québec pour profiter de la vue imprenable permettant d’admirer la ville, qui prend alors des airs de carte postale, en plus de la pointe de l’île d’Orléans et de la côte de Beaupré. Le traversier est de loin le moyen le plus paisible de faire la transition vers la Rive-Sud pour profiter de la piste cyclable de Lévis qui longe le fleuve en parallèle avec la promenade Samuel-De-Champlain. Sur ce qu’on désigne comme Le parcours de l’Anse, on admire les rives du majestueux Saint-Laurent, sur lesquelles on a semé quelques parcs qui permettent de s’arrêter, question de casser la croûte, ou de ralentir la cadence, pour, un moment, vivre au rythme du fleuve et de ses lentes marées. On profite ou non des parcs de l’Abbaye, de la jetée d’Ultramar ou de l’anse Tibbits, qui jalonnent notre route; celle-ci longe aussi le Vieux-Lévis (où quelques cafés et restaurants valent le détour) et étend son ruban pavé jusqu’au nord de la pointe. Les kayakistes qui mettent leurs embarcations sur les flots à la Grève-Jolliet confirment que, ici, la Route verte rejoint la bleue. D.D. MONTRÉAL Les rapides de Lachine La grande vedette des pistes cyclables de Montréal, c’est celle qui longe le canal de Lachine, avec le Vieux-Port, à l’est, et le Vieux-Lachine, à l’ouest; en passant par le secteur du marché Atwater, où il vaut la peine de s’arrêter pour flâner un peu. Mais la piste est très achalandée, et certains cyclistes y roulent à fond de train. Près du Vieux-Lachine, la marina rappelle les ports de plaisance européens, et plusieurs restaurants offrent aux cyclistes des terrasses attrayantes. De là, on peut continuer vers l’ouest le long du chemin du Bord-du-Lac (Lakefront Drive) jusqu’à la paisible bourgade universitaire de Sainte-Anne-de-Bellevue, une vingtaine de kilomètres plus loin. Mais ceux qui préfèrent une boucle plus courte pourront s’arrêter à Lachine et explorer le parc René-Lévesque et son musée de sculptures en plein air, avec, tout au bout, un point de vue spectaculaire sur l’immensité du lac Saint-Louis. À cet endroit, commence aussi ce que plusieurs qualifient de plus belle piste cyclable de Montréal, celle de LaSalle. Beaucoup moins achalandée que celle du canal, cette piste qui longe le fleuve donne accès à quelques lieux touristiques peu connus (dont la ferme Saint-Gabriel) et, à mi-chemin, à un des meilleurs lieux d’observation d’oiseaux, le parc des Rapides, en face de l’île aux Hérons. P.S. Les îles Notre-Dame et Sainte-Hélène Cette boucle Lachine-Lasalle-Verdun vous ramène au canal de Lachine à la hauteur du marché Atwater. Mais les plus ambitieux pourront choisir de faire le détour par l’île des Sœurs et l’estacade du pont Champlain pour accéder à la jetée qui longe la voie maritime du Saint-Laurent jusqu’à l’île Notre-Dame. Découvrez sa plage, comme une oasis engoncée dans le bitume du circuit Gilles Villeneuve. Offrez-vous un tour de ce circuit qui, entre les week-ends de course automobile, devient le lieu d’entraînement du gratin cyclosportif montréalais, et prenez le temps de flâner dans les jardins hérités des Floralies internationales de 1982. Le retour vers le Vieux-Port de Montréal se fait par la jetée de la Cité du Havre. P.S. Le boulevard Gouin S’il y a une rue au charme décidément mal connu, c’est le boulevard Gouin. On y passe de tronçons sur rue à des bandes cyclables, puis à des pistes dédiées, avec plusieurs segments tout simplement inoubliables, surtout aux deux extrémités. À la pointe ouest de l’île, en quittant le bord de canal animé de Sainte-Anne-de-Bellevue, on roule vers Senneville, une banlieue au charme de campagne anglaise. À l’autre extrémité, à l’est du parc des Cageux, le paysage de Rivière-des-Prairies est à ce point campagnard qu’on peine à croire qu’on est encore sur le territoire de Montréal. Entre les deux, des points à explorer: le vieux Sainte-Geneviève, quartier latin du West Island, avec ses maisons ancestrales, sa magnifique église et son petit cimetière donnant sur la rivière des Prairies. La pointe du parc Zotique–St-Jean (à la hauteur du boulevard de la Rivière-des-Prairies). Le parc Armand-Bombardier, face à l’île Gagné, avec un des rares ruisseaux non canalisés de l’île de Montréal. Tout le secteur du parc-nature de la Visitation, incluant son ancien moulin dont la terrasse est un des lieux de détente les plus agréables de Montréal. La piste traverse aussi d’autres zones vertes, dont l’arrière-cour de l’école secondaire Sophie-Barat où finit l’axe nord-sud du réseau cyclable de Montréal le long de l’avenue Christophe-Colomb, le parc Stanley, sous le pont Viau, le secteur de Bordeaux, avec ses airs de village et ses deux parcs (de la Merci et de l’île Perry, ou «île aux Fesses»), les parcs Rimbault et Belmont, avec le vieux Cartierville en son centre, et le parc Beauséjour. Mais les amants de nature plus sauvage feront un arrêt dans les grands parcs-natures du bois de Saraguay, du Bois-de-Liesse, du cap Saint-Jacques (et sa plage trop souvent bondée l’été) et de l’Anse-à-l’Orme. S.D. SHERBROOKE S’il y a un réseau à recommander dans la région de Sherbrooke, c’est bien celui des Grandes-Fourches. Deux boucles et une virée dans Sherbrooke composent ce réseau exceptionnel de 126 km aménagé dans certains des sites les plus beaux autour de la capitale des Cantons-de-l’Est. Le parcours le plus exceptionnel, c’est la boucle Sherbrooke-Lennoxville-North Hatley-Rock Forest-Sherbrooke; 54 km de bonheur. On suit la rivière Saint-François sur la Route verte numéro 1 dans une enfilade de paysages magnifiques, pour aboutir sur le très british campus de l’Université Bishop’s. De là, la piste s’engage dans les bois vers North Hatley en longeant la rivière Massawippi jusque dans le canton de Hatley. Juste avant de pédaler le long du superbe lac Massawippi sur 2 km, on découvre un barrage puis le charmant village de North Ha­tley, en pleine ambiance de campagne anglaise. Cafés, restos et, surtout, crème glacée dégustée au point de vue aménagé sur l’ancien pont de chemin de fer. Ensuite, ça se corse avec une montée de 5 km sur le chemin Magog et la côte Minton du chemin de l’Université. La vue y est superbe mais vos mollets vont chauffer! Une belle descente sur le chemin Beaudette mène à la base de plein air de Rock Forest, où il n’est pas rare d’apercevoir des chevreuils. La piste traverse ensuite la rivière Magog afin de la longer. On passe progressivement des boisés aux paysages urbains pour aboutir sur la boucle qui ceinture de lac des Nations, aménagée avec goût. On se retrouve dans le chic centre-ville, avec sa multitude de cafés et de restaurants, véritable point d’orgue d’une balade mémorable. S.D. GATINEAU Évidemment, quand on associe les mots «pistes cy­clables» et «Gatineau», on pen­­se immédiatement au Parc de la Gatineau, un vé­rita­ble joyau que peu de vil­les nord-américaines peuvent se targuer d’avoir en plein centre-ville. Certes, nous y reviendrons. Mais d’autres pistes valent le détour. Un axe sous-estimé est celui de l’an­cienne ville de Gatineau, qui débute à la hauteur de l’avenue du Cheval-Blanc. C’est une succession de chaussées désignées, ban­des et pistes cyclables sur 5 km ou 6 km de la Route verte numéro 1, un par­cours très agréable le long de la baie McLaren et de la rivière des Outaouais. Par la suite, l’itinéraire lon­ge le bou­levard Maloney qui se passe de commentaires mais, rapidement, on retrouve la rivière sur la rue Jacques-Cartier. Voilà un parcours très vert, surtout après avoir traversé la rivière Gatineau. Le secteur de la décharge et du lac Leamy compte plusieurs pistes qui offrent des points de vue magnifiques sur le lac, son jet d’eau et ses falaises, les rivières Gatineau et des Outaouais, Ottawa et le Casi­no. On continue vers l’ouest pour sillonner le parc Jacques-Cartier jusqu’au port de plaisance. Ici, on a le choix: traverser le pont Alexandra avec sa voie piétonne et cyclable d’une belle largeur, qui mène aux 8 km exceptionnels de la piste du canal Rideau, ou on bifurque vers le parc de la Gatineau en passant par le parc des Portageurs. Avec, en bonus, une vue spectaculaire sur la colline parlementaire. Après la baie Squaw, on peut faire une boucle d’une vingtaine de kilomètres jusqu’au lac Leamy, en passant par le sentier du ruisseau Leamy, aux limites de Chelsea. S.D. OKA Vers le nord-ouest, la piste cyclable du boulevard Gouin, à Pierrefonds, permet de rejoindre le pont qui mène à l’île Bizard. Sur l’île, la piste de la montée de l’Église donne accès au réseau de sentiers cyclables du parc-nature du Bois-de-l’île-Bizard, qui est en soi une expérience. Mais le meilleur est à venir. Vers l’est, on emprunte le traversier vers Laval, un des derniers bacs à câble au Québec. Après une courte traversée absolument sympathique, on emprunte la piste de la rue des Peupliers qui mène au barrage du Moulin. Passé ledit barrage, on est sur la Rive-Nord. Une bande cyclable sur la 8e Avenue et sur Henri-Dunant, dans Deux-Montagnes, permet de rejoindre la piste cyclable de la Route verte numéro 1 qui aboutit au parc national d’Oka. Là vous attendent des plages splendides. S.D. LE CANAL DE CHAMBLY Sur la Rive-Sud, il ne faut surtout pas rater la piste du canal de Chambly, un classique de la région métropolitaine. Il est possible de s’y rendre par la piste de la promenade Riverside, puis la bande cyclable de la rue Tiffin, à Saint-Lambert, qui mène à la piste du boulevard Desaulniers et la bande du boulevard Lafayette, à Longueuil. C’est la section urbaine qui est la moins intéressante. Mais il faut bien sortir de la ville… Au bout du tronçon de la rue LaSalle, on s’engage sur la piste du boulevard Jacques-Cartier pour enjamber la voie ferrée et la route 116 dans la mégastructure cyclable qui nous conduit au segment de la Route verte numéro 1 longeant le boulevard Maricourt, dans Saint-Hubert. Cette étape est très agréable, surtout après la traversée du parc régional de Saint-Hubert, quand la piste suit une bande d’arbres et de terres humides à la végétation sauvage. La piste, qui longe la rue Gertrude à Carignan, mène directement au réseau urbain de Chambly, puis au canal du même nom, une merveille de 21 km aménagée entre le canal et la rivière Richelieu, sur les anciens sentiers de halage. Une halte au spectaculaire fort de Chambly s’impose. Là, on peut admirer le changement de la garde des soldats de la Compagnie franche de la Marine de la Nouvelle-France ou déguster bières et autres alcools de la colonie. Plusieurs terrasses et troquets du vieux Chambly et du vieux Saint-Jean allongeront une de vos meilleures escapades vélo. S.D.

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