L’endroit où vous vivez influence votre coût de vie
Publié sur le site web du Journal de Montréal, 10 février 2024On peut lire l'article ici.
Pour accéder à la propriété, les jeunes ménages doivent s’établir toujours plus loin, dans des banlieues de plus en plus étendues.
Où voulez-vous vivre? En ville, en banlieue, à la campagne? Chacun de ses choix a ses avantages et inconvénients. Et, surtout, des coûts cachés.Une vieille maxime américaine fait partie de la réalité de la vie de banlieue depuis que ce concept existe: «drive until you qualify» (éloignez-vous du centre-ville jusqu’à ce que vous puissiez vous qualifier pour un prêt hypothécaire).L’expression fait partie intégrante du rêve américain: pour accéder à la propriété, les jeunes ménages doivent s’établir toujours plus loin, dans des banlieues de plus en plus étendues.À une époque où le prix de l’essence était dérisoire et que les voitures ne se vendaient pas autour de 65 000$ en moyenne, cette maxime avait un certain sens. Plus maintenant.De nombreux premiers acheteurs s’enchaînent: vivre loin implique d’acheter une voiture par adulte et de passer davantage de temps dans le trafic qu’avec ses proches.Ainsi, le ménage québécois moyen consacre 20% de ses revenus au transport, plus que l’alimentation (14%). Nombre de banlieusards paient autant pour se loger que pour se déplacer!
Qualité de vie
L’étalement urbain pèse de manière insoupçonnée sur la qualité de vie. En 1975, 70% des enfants allaient à l’école à pied; aujourd’hui, c’est 30%. En 2022, les banlieusards montréalais ont perdu 180 heures dans les bouchons de circulation; ceux de Québec 111 heures, selon une étude du fabricant de GPS TomTom. Ce sont des moyennes. Mais 180 heures, ça représente plus d’une semaine!C’est aussi beaucoup d’argent perdu. L’idée de consacrer le cinquième de ses revenus à un objet (l’automobile) qui ne sert que 5% du temps et qui se déprécie annuellement de 20% à 25% est complètement illogique du point de vue financier, mais la majorité des gens tombent dans ce piège sans se poser de question. C’est la force du marketing.
Plus comme avant
Des chercheurs ont clairement établi qu’acheter près de son travail, même si la maison coûte plus cher, pour pouvoir utiliser les transports en commun ou le vélo, c’est plus avantageux que de vivre au fin fond de la banlieue.Est-ce possible de laisser tomber le deuxième véhicule? Si vous télétravaillez ou prenez les transports en commun, c’est très faisable.D’autant plus que de nombreuses études s’attardent au coût annuel d’un véhicule. Selon l’organisme Jalon, on parlait de 9500$ annuellement en 2023. Selon CAA Québec, ce coût annuel dépasse les 11 000$: ça représente 275 000$ sur 25 ans.Rien qu’en essence, pour une voiture compacte, la moyenne annuelle québécoise se situerait dans les 3300$. Pour un VUS, ce serait 9000$!Prenons l’exemple d’une personne qui a le choix entre navetter en voiture ou en autobus, et qui se tape environ 20 000 km par année. Avec une Honda Civic berline de base achetée ou louée pour un minimum de cinq ans, on parle d’une dépense annuelle de 8444,33$, soit 42 221,65$ sur 5 ans (achat, financement, entretien, amortissement et essence inclus).Comparativement, une carte mensuelle OPUS de la zone A (Montréal et banlieue immédiate) coûte 97$, soit 5820$ sur 5 ans. La carte d’autobus pour Québec et sa banlieue coûte 144,25$ mensuellement, soit 8655$ sur 5 ans. La différence est de 36 401,65$ à Montréal et 33 566,65$ à Québec.Une liseuse Kobo coûte 160$ et un iPad de base se détaille 1100$. De quoi vous occuper largement dans l’autobus, le train ou le métro. Quitte à s’acheter des écouteurs Bose QuietComfort à 210$.
CONSEILS
- De nombreux Québécois, grâce au télétravail pandémique, se sont expatriés dans les régions, parfois loin de leur employeur. C’est un choix délicat: votre patron impose-t-il que vous soyez au bureau un minimum de jours par semaine ou par mois? Pouvez-vous aller au bureau dans un temps raisonnable?
- Combien coûte une deuxième voiture? Pour le savoir, utilisez le calculateur en ligne de la CAA (carcosts.caa.ca/fr).