Stimuler l'innovation pour changer le monde

Publié dans le blogue du Rendez-Vous Mentorat 2023, 1 décembre 2023On peut lire l'article ici.

Il faut accroître la culture de l’innovation si nous voulons que nos entreprises demeurent compétitives et que nos entrepreneurs puissent changer le monde!

C’est le message lancé au Rendez-vous Réseau Mentorat 2023, qui se tenait à Montréal le 13 novembre dernier, lors du tout premier panel de la journée, qui réunissait des innovateurs reconnus.D’entrée de jeu, Benoît Labbé, du Conseil de l’innovation du Québec (CIQ), a mis la table: il s’inquiète d’une baisse des investissements en recherche et développement (R&D) de 12% depuis dix ans par nos entreprises.« Ça se traduit par des PME qui développent moins de produits et qui innovent moins dans leurs processus de fabrication, dit-il. Or, il est impératif d’accroître la culture de l’innovation chez nos entrepreneurs, si on veut maintenir notre compétitivité, augmenter notre PIB et faire face aux défis que pose l’actuelle transformation numérique de l’économie, dont l’intelligence artificielle est la plus récente manifestation. Mieux: il faut pouvoir mieux mesurer l’innovation au sein des entreprises pour en jauger la performance. »Pour M. Labbé, l’innovation permet de hausser les barrières à l’entrée des compétiteurs. Mais les entreprises doivent composer avec des difficultés qui freinent l’innovation, comme la crise de la main-d’œuvre. Fait surprenant, 35% des entreprises sondées par le CIQ admettent n’avoir aucun besoin à ce chapitre! Et 71% de celles qui innovent le font avec leurs fonds propres.« Ces entreprises manquent des opportunités de financement qui viennent alléger leur fardeau, reprend-il. Elles pourraient disposer d’aides gouvernementales provenant d’organismes comme Investissement Québec, la BDC, Développement économique Canada ou le CNRC. Or, les entrepreneurs ignorent l’existence de ce qu’offrent ces institutions en matière d’aide à l’innovation. »Ce n’est pas surprenant, souligne Eddy Dureuil, président de Solutions Ecotime: « Il y a tellement de programmes que c’en est mélangeant. Les entrepreneurs n’ont souvent pas le temps de faire des démarches auprès de tous ces joueurs. »Lara Emond, d’Iris+Arlo et Nordet & Co confie que son équipe a constitué un fichier Excel qui a compilé 500 programmes publics d’aide! « On a répondu à plus de 500 questions pendant les six derniers mois pour étoffer nos demandes, dit-elle. C’est lourd. Comme entrepreneurs, on gère des urgences, on doit vendre nos produits et services, on ne dispose souvent pas des ressources à l’interne pour gérer de telles démarches. »

Nouveau réseau conseil

Elle loue le soutien des conseillers en innovation du CIQ, qui offrent un service réellement apprécié. L’organisme dispose ainsi d’un réseau lancé en janvier de plus de 270 conseillers, et qui grandit sans cesse.Ces conseillers permettent de s’y retrouver dans plus de 200 programmes et 655 organismes de soutien avec, entre autres, un outil de recherche intelligent et un répertoire en ligne. Ils offrent aussi des formations, à raison d’une cohorte par mois.De plus, d’ici le printemps 2024, le Réseau Mentorat aura ses propres conseillers attitrés en innovation, qui feront partie de l’offre du CIQ.

Se coller aux besoins

Par contre, il faut éviter certains pièges quand on cherche de l’aide. « Le projet doit répondre à un besoin du marché », commente Benoît Labbé, citant des expériences célèbres qui ont mal tourné, comme la pizza vendue par… Colgate, ou le Newton, d’Apple.Eddy Dureuil ajoute qu’il faut aussi être transparent avec employés et clients, pour tester le marché. « On a développé notre produit avant d’aller voir les clients pour comprendre pourquoi on gaspille l’eau au Québec. On a finalement consulté une centaine de municipalités pour peaufiner notre approche. »Solutions Ecotime offre des méthodes pour économiser et valoriser l’eau par la récupération des eaux de pluie, l’hydro-valorisation et la thermo-valorisation des eaux grises, sans affecter le confort des utilisateurs des bâtiments.Lara Emond raconte avec humour qu’elle évolue dans un domaine qui rend parfois mal à l’aise ses interlocuteurs: son entreprise vend des produits sains et durables pour les menstruations, en offrant notamment des solutions personnalisées pour les employeurs. « C’est un enjeu, dit-elle, car ça touche tout de même la moitié de la population. On a découvert qu’en 40 ans, une femme sera menstruée pendant l’équivalent de  six à sept années en continu et que les produits actuels contiennent de 20 à 30 éléments chimiques qui entrent en contact avec nos parties intimes. »Mme Emond s’est lancée en affaires avec l’objectif de résoudre un problème de santé et d’environnement, alors qu’elle constate qu’il n’y a aucune solution pratique offerte dans les salles de bains des employeurs. « Je me suis dit qu’on va développer des distributrices et qu’on va offrir nos produits dans chaque toilette d’entreprise, reprend-elle. Avec nos produits, on se donne le pouvoir de changer le monde. »En quelques mois, elle a rejoint une centaine de compagnies. Elle doit parfois approcher des décideurs qui sont indirectement touchés par le problème que tente de régler sa PME. Toujours avec humour, elle raconte s’est retrouvée, à 8h du matin, à expliquer au PDG d’une grande entreprise le fonctionnement d’un tampon! « On doit accompagner nos clients de toutes sortes de façons », dit-elle en déclenchant les rires dans la salle.Lara Emond et Eddy Dureuil ont fait l’éloge du mentorat pour entrepreneurs, qu’ils associent de près à leur cheminement comme entrepreneurs, dès qu’ils se sont lancés en affaires. « Grâce au mentorat, je puis partager des réalités assez lourdes sans affecter mon entreprise et ma famille. C’est vraiment bon pour moi », conclut M. Dureuil.Une collaboration de Stéphane Desjardins.Photo par Sylviane Robini

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