Les Fermes Lufa, modèle mondialement connu d’agriculture responsable

Publié sur le site web du Journal des Voisins, 10 mai 2023On peut lire l'article ici.

Fermes Lufa a? Ahuntsic: serres sur le toit d’une ancienne usine dans le District Central. (Photo: courtoisie Fermes Lufa)

Les Fermes Lufa ont vu le jour en 2010 dans Ahuntsic, avec une première serre aménagée sur le toit d’une usine, rue Antonio-Barbeau, près du Marché Central. Fait cocasse: la Centrale agricole loge juste à côté.

L’entreprise a comme modèle d’affaires de changer le système alimentaire en misant sur l’agriculture de proximité, par la construction de serres sur les toits d’immeubles et la distribution de paniers directement à la clientèle. Au départ, ce n’était pas gagné d’avance.

L’idée vient de deux étudiants de l’Université McGill, Mohamed Hage et Lauren Rathmell. Le premier a grandi au Liban; cultiver des aliments sur les toits des immeubles fait partie de la culture libanaise.

Installé chez nous, M. Hage est surpris par le fait que les Québécois s’alimentent avec des produits qui, parfois, traversent le continent avant d’arriver dans les supermarchés. Un non-sens environnemental souvent critiqué par les chercheurs climatiques. Il imagine rapidement le concept de serres commerciales érigées sur les toits d’immeubles.

Mohamed Hage et Lauren Rathmell, cofondateurs des Fermes Lufa, commencées à Ahuntsic en 2010. (Photo courtoisie Fermes Lufa)

Après une recherche d’un an, M. Hage convainc la société Montoni de s’associer à la jeune entreprise. Promoteur et gestionnaire d’immeubles industriels et commerciaux, Montoni possède une vaste bâtisse dans le District Central, pourvue d’une dalle de béton sur le toit. Les conditions sont réunies pour construire une première serre de 2780 mètres carrés (30 000 pieds carrés).

«Ahuntsic est devenu le berceau de l’entreprise, où notre serre originale a servi de test pour notre modèle d’affaires, explique Yourianne Plante, directrice des communications. Je faisais partie de l’équipe de démarrage et nous savions que c’était un projet qui n’avait aucune garantie de succès. Il fallait rentabiliser l’investissement.»

Le succès est au rendez-vous et Lufa devient rapidement un symbole de la nouvelle économie verte. «En 13 ans, nous sommes passés de 10 à 700 employés, reprend Mme Plante. Nous livrons aujourd’hui près de 30 000 commandes par semaine, dans la région métropolitaine de Montréal, ainsi que celles de Québec et de Gatineau. Mais la première semaine, nous étions excités de livrer à nos 200 premiers clients, pratiquement tous dans Ahuntsic.»

L’entreprise livre aujourd’hui plus de 20 000 paniers par semaine à plus de 200 points de cueillette ou directement chez ses clients, qu’elle appelle les lufavores.

Les dirigeants de Lufa se disent fiers de faire partie du plus important pôle d’agriculture urbaine au pays.

Croissance

De nos jours, Lufa est une histoire à succès étudiée dans les écoles de commerce. L’entreprise a construit trois autres serres, en 2013 à Laval (4000 m2 ou 43 000 pi2), à Anjou en 2017 (5850 m2 ou 63 000 pi2) et la plus imposante au monde sur un toit d’immeuble (15 217 m2, ou 163 800 pi2), dans l’ancien entrepôt de Sears, à Saint-Laurent, en 2020.

Lufa indique que la récolte hebdomadaire, à Ahuntsic, totalise 1134 kg (2 500 livres) de légumes, soit le poids de 4 grizzlys; à Laval, c’est 6055 kg (13 350 livres), représentant le poids d’un éléphant; de 2613 kg (5 760 livres) à Anjou, l’équivalent du poids d’une camionnette; et de 15 750 kg (34 700 livres) à Saint-Laurent, soit le poids de 3 éléphants. Le total de l’espace cultivable équivaut à six terrains de football.

Lufa cultive plusieurs variétés de légumes: tomates, aubergines, fines herbes, micropousses, poivrons, concombres, laitues et légumes à feuilles. Les serres, chauffées au gaz naturel et à l’électricité, requièrent la moitié de l’énergie d’une serre au sol, car elle récupère celle du bâtiment. 

Fermes Lufa a? Ahuntsic, culture de concombres. (Photo: courtoisie Fermes Lufa)

L’entreprise utilise un système de culture hydroponique à partir d’un substrat de fibres de noix de coco, en boucle fermée (tous les nutriments sont dissous dans l’eau). L’eau de pluie et de fonte est récupérée et recirculée dans le système, ce qui évite le ruissellement et la pollution agricole.

Les serres sont aussi dotées de panneaux de verre à double paroi pour réaliser des économies d’énergie passives, ainsi que des rideaux opaques pour lutter contre la pollution lumineuse.

Dès le départ, Lufa a choisi de ne pas utiliser de pesticides de synthèse, ce qui représentait un risque additionnel pour une compagnie en démarrage. Au fil des ans, les dirigeants ont multiplié les essais et erreurs pour gérer adéquatement la production et la croissance, notamment durant la pandémie, où les ventes ont explosé. 

En 2013, l’entreprise lance sa plateforme en ligne permettant de personnaliser le contenu de ses paniers, ainsi que d’ajouter des produits provenant de producteurs maraîchers. Aujourd’hui, Lufa offre plus de 2000 produits en ligne provenant de 350 partenaires.

Clés du succès

«Les Montréalais et les Québécois espéraient depuis longtemps avoir une autre option que les géants de l’alimentation, reprend Yourianne Plante. Ils veulent contribuer concrètement à l’amélioration du système alimentaire. Nous proposons une solution concrète. Nos lufavores encouragent l’agriculture responsable, ainsi que des artisans locaux.»

Elle ajoute que les clients appuient aussi l’économie locale quand ils achètent de Lufa. Ils économisent de leur temps en évitant de se rendre au magasin, car ils reçoivent leur panier à la maison ou à un point de cueillette. Et ils profitent d’aliments sains et goûteux.

Fermes Lufa a? Ahuntsic, exemple de bac de livraison. (Photo: courtoisie Fermes Lufa)

L’entreprise adapte continuellement son offre de produits en sondant ses clients. Lufa s’est d’ailleurs classée première au pays selon la dernière enquête «Wow Numérique» de Léger Marketing pour le secteur alimentaire.

Il y a quelques années, les dirigeants avaient indiqué leur intention d’étendre leur modèle hors de Montréal, du Québec et même à l’international. Des emplacements seraient envisagés ailleurs au Québec et Lufa a même «sécurisé» un site aux États-Unis. L’annonce de la construction d’une prochaine serre à Montréal devrait survenir avant la fin de l’année.

Signalons que les esquisses du magasin Walmart qui devrait ouvrir cet été (2023) dans le Marché Central, publiées dans les médias, montrent toutes une serre sur le toit. Celle-ci devrait totaliser 11 612 mètres carrés (125 000 pieds carrés), rapportait en mars 2022 le magazine Retail Insider. L’article ne fait pas mention de Lufa.

Cet article a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier d’avril-mai 2023, à la page 24. Il fait partie du dossier Agriculture urbaine, duquel plusieurs autres articles sont reproduits. 1- Ahuntsic, premier de classe en agriculture urbaine!2- LN Saint-Jacques, DG de la Centrale agricole3- La Centrale agricole: terreau fertile4- Des nouvelles de la Ferme de Rue Montréal5- Des jardins pour bien se nourrir à peu de frais6- À chacun son potager!7- La Centrale agricole: terreau fertile  

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