Chez Kinova, des robots vont bientôt fabriquer des robots

Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 5 novembre 2022On peut lire l'article ici.Kinova, le seul fabricant de robots basé au Québec, a décidé de robotiser sa chaîne d’assemblage. Quand des robots fabriquent des robots !Fondée en 2006 par Charles Deguire et Louis-Joseph Caron-Lécuyer, Kinova, basée à Boisbriand, s’est surtout fait connaître pour ses bras robotisés qui assistent des personnes en fauteuil roulant.Depuis, l’entreprise vend ses robots à diverses industries, allant du secteur aéronautique aux ateliers d’ébénisterie ou de fabricants de pièces métalliques. Elle compte comme clients autant des PME que des multinationales, comme Johnson & Johnson.Il y a quelques mois, Kinova lançait Link 6, sa quatrième génération de robots industriels, un engin qui peut lever des objets pesants jusqu’à 6 kilos, dans une portée d’un mètre.Il y a six ans, l’entreprise, qui compte 250 employés, entreprenait la robotisation de ses propres installations. Le projet de plusieurs millions de dollars a commencé par la numérisation de toutes ses opérations. « Nous robotisons progressivement certaines tâches qui ont peu de valeur ajoutée, pour nous permettre de redéployer nos talents ailleurs dans l’entreprise », explique Charles Deguire, président fondateur.M. Deguire ne s’en cache pas : les tâches d’assemblage ou d’inspection très répétitives attirent peu de travailleurs. En pleine crise de main-d’œuvre, alors que Kinova connaît une croissance effrénée, la PME doit concentrer ses efforts de recrutement là où elle peut augmenter sa productivité.« La robotisation nous rend plus compétitifs, reprend-il. D’autant plus que nous fabriquons la nouvelle génération de robots appelés “cobots”, ou robots collaboratifs, qui permettent des interactions avec des humains. Nos robots libèrent des mains et permettent d’offrir davantage de responsabilités aux travailleurs. »Plus d’emploisContrairement à certains préjugés, la robotisation crée davantage d’emplois qu’elle n’en abolit. C’est d’ailleurs le cas chez Kinova. Selon Statistique Canada, les firmes qui implantent la robotisation créent 20 % plus d’emplois dans les années suivantes.« Au Québec, on est en retard sur les autres pays de l’OCDE en matière de robotisation », reprend M. Deguire. Ainsi, le Canada compte 176 robots par tranche de 10 000 emplois manufacturiers, comparativement à 932 pour la Corée du Sud, 605 pour Singapour, 390 pour le Japon, 371 pour l’Allemagne, 289 pour la Suède et 255 pour les États-Unis, toujours selon Statistique Canada.« Ce n’est pas surprenant : nous fabriquons des produits spécialisés et nous n’avons pas de chaînes de montage géantes, comme en Corée du Sud, analyse-t-il. Par contre, des robots comme les nôtres permettent de rattraper ce retard. Car nos stations se vendent aussi peu que 100 000 $, le robot en soi se détaillant moins de 50 000 $. »

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