Andreas Rerych est agriculteur bio
Publié sur le site web du Réseau Mentorat, L'Indice entrepreneurial québécois, 25 avril 2022On peut lire l'article ici.
Andreas Rerych est agriculteur bio. Il possède la Ferme Terra Millefolia, de l’île Bizard, qui produit et vend des herbes médicinales et aromatiques destinées aux tisanes ou pour cuisiner. M. Rerych ne s’en cache pas?: la pandémie a bouleversé sa vie d’entrepreneur.
Andreas Rerych?est agriculteur bio. Il possède la Ferme Terra Millefolia, de l’île Bizard, qui produit et vend des herbes médicinales et aromatiques destinées aux tisanes ou pour cuisiner. M. Rerych ne s’en cache pas?: la pandémie a bouleversé sa vie d’entrepreneur. Terra Millefolia vend en ligne, dans les marchés fermiers estivaux, les marchés de Noël, les cafés, les boutiques de produits de santé et les épiceries biologiques. Son entreprise, lancée en 2016, ne fournit pas à la demande. Mais ce fut non sans peine. Au départ, la ferme produisait aussi des légumes bios. Mais la pandémie a tout bouleversé. Il a fallu se concentrer sur les herbes. «?Aujourd’hui, comme entrepreneur, je vais bien, mais les deux dernières années ont été très difficiles, confie-t-il. J’ai dû composer avec l’incertitude?: est-ce que je vais pouvoir continuer à vendre mes produits? Ça a ajouté beaucoup de stress… jusqu’au moment où les autorités ont statué que l’alimentaire était essentiel. On pouvait donc continuer. Même que les modes de distribution alternatifs, en ligne, ont explosé.?»
Acheter chez nous
«?En fait, la demande pour les produits locaux a rapidement été plus importante que prévu, confie-t-il. Je m’en réjouissais, mais je m’en inquiétais aussi. Comment allions-nous nous adapter et ajouter assez de capacité de production, rapidement, pour faire face à la demande? Ce ne fut pas facile.?» Rerych fait partie d’un nombre grandissant de la relève agricole qui loue sa terre. Et qui n’a pas les moyens d’acheter plus grand. «?Avec l’exode urbain, de nombreuses personnes se sont acheté des fermettes, ce qui a fait exploser les prix des terres agricoles, explique-t-il. Il est difficile, dans ce contexte, de trouver une terre à un prix abordable pour une PME de petite taille comme la mienne, mais suffisamment étendue pour assurer l’avenir.?»Il se dit à la croisée des chemins. Il doit trouver une terre qui lui permettra de croître et de démontrer qu’on peut vivre de la production agricole, malgré le prix élevé de la terre. Il veut aussi prouver qu’on peut réussir en affaires en ayant une approche biologique et un respect de la nature. «?On ne veut pas être dans une mécanique d’exploitation, où la terre ne sert qu’à générer le plus d’argent possible. Il faut que notre action s’insère dans la biodiversité, et que la terre soit léguée en bon état aux générations futures.?» Il se dit toutefois optimiste et motivé. D’autant plus que le printemps est toujours le meilleur moment pour les agriculteurs, constate-t-il?: tout recommence pour la prochaine saison!
L’accompagnement
Rerych a une formation agricole en Allemagne et en Autriche, pays dont il a immigré ici il y a huit ans. Initialement, il a eu de la difficulté à trouver de l’accompagnement agroalimentaire, vu la rareté des terres cultivées à Montréal. Mais il a trouvé. Notamment au sein du Réseau Mentorat, à titre de mentoré dans un groupe. «?J’en ai vraiment profité, affirme-t-il. On échangeait parfois sur des problèmes très personnels. Les discussions étaient très riches, notamment sur les façons d’avancer dans nos projets, de régler des problèmes, surtout sur le plan humain. Notre mentore posait les bonnes questions, elle nourrissait constamment la discussion?.?» Rerych a 40 ans. Est-ce plus difficile pour les nouveaux entrepreneurs de plus de 35 ans? Il répond par l’affirmative. Car les ressources sont orientées vers les entrepreneurs plus jeunes. Mais il retient aussi le fait qu’on n’apprend pas à être un entrepreneur à l’école. «?Quand tu es entrepreneur, tu dois apprendre à jongler en permanence avec les difficultés, confie-t-il. Il faut vouloir être en affaires. Tu dois changer ton approche de la vie, tu dois toujours avancer, tu ne peux compter sur les autres pour obtenir des informations, faire cheminer ton projet. Tu apprends sur le tas, dans l’action.?» Terra Millefolia est notamment lauréate de la Bourse d’honneur du PAGE 2021 (Plan d’action gouvernemental en entrepreneuriat du ministère québécois de l’Économie et de l’Innovation). M. Rerych a aussi bénéficié du soutien du YES (Youth Employment Service, un OSBL anglomontréalais) et de PME Montréal, notamment pour rédiger son plan d’affaires.
La pandémie, une opportunité?
La pandémie a peut-être compliqué sa vie, mais M. Rerych la considère comme une opportunité. «?Les gens ont pris conscience de soutenir la production locale, constate-t-il. Même le gouvernement a encouragé les gens en ce sens. On ne peut pas importer tous nos aliments du Mexique ou des États-Unis. Le consommateur québécois a compris l’importance de l’autosuffisance alimentaire. Ça a été très bon pour nous.?»