Les clients des services à domicile craignent la Covid-19

Publié dans le Journal des voisins.com, 19 mai 2020On peut lire l'article ici.Les services d’aide à domicile n’ont jamais suspendu leurs opérations. C’est plutôt la clientèle qui ne leur ouvre plus ses portes… par crainte de la Covid-19.

« Je puis vous assurer que les services essentiels sont maintenus», déclare Anne Gélinas, directrice générale de l’organisme Tellement mieux à la maison! qui a pignon sur rue dans Ahuntsic (dont le nom était, tout récemment, Tellement bien chez soi, et qui chapeaute également les Services d’aide Remue-Ménage).

L’organisme, dont le personnel fait de l’aide domestique (ménage, préparation des repas, courses), de l’accompagnement et du transport pour raisons médicales, et du répit pour des proches aidants, n’a jamais cessé ses opérations, explique Mme Gélinas.

« En fait, ce sont nos clients qui refusent nos services, dit-elle. Les gens sont littéralement apeurés à propos du virus. »

Tellement mieux à la maison a temporairement suspendu ses opérations pendant quelques jours, quand le gouvernement a mis le Québec sur pause.Puis, les responsables ont contacté les 2000 clients pour leur rappeler que les services étaient maintenus. La moitié de la clientèle est régulière, l’autre occasionnelle. Aujourd’hui, l’organisme dessert une quarantaine de clients pour les services d’aide domestique, principalement des personnes vulnérables.

« Il fallait faire quelque chose, car dans certains cas, la situation approchait l’insalubrité, reprend Mme Gélinas. On parle de gens en très grande perte d’autonomie et qui sont seuls à la maison, sans aide provenant de proches. »

Offrir le service malgré tout

« Peu importe le contexte, il faut bien offrir le service, ajoute-t-elle. On a des clientèles fragiles et notre personnel est syndiqué, il faut le payer… »

Malgré tout, l’organisme a dû se résigner à réduire dramatiquement ses effectifs.

« On appelle tous nos clients aux 15 jours, pour s’assurer que tout va bien, dit-elle. Les gens nous disent de ne pas nous inquiéter. On respecte leurs choix. »

L’organisme effectue encore beaucoup d’accompagnement et de transport médical, et offre toujours ses services d’appui aux proches aidants.

« Ils ont plus que jamais besoin de répit, dit-elle. Sinon, ils deviennent rapidement dépressifs. Nous sommes là pour eux. »

Un contexte difficile

L’organisme souffre doublement de la pandémie et d’une situation découlant de la réforme Barrette dans le milieu de la santé.

« Depuis plusieurs années, nous avions un mandat du CIUSS d’offrir des services d’assistance personnelle et d’actes de nursing dans le cadre de la loi 90 (par exemple : donner des médicaments, contrôler la glycémie). Nous l’avons perdu lors d’un appel d’offres découlant de la réforme Barrette, pour des détails techniques. Selon les règles, le CIUSS était obligé de ne pas tenir compte de notre expérience et nous étions le seul OSBL sur les rangs. C’est une société privée qui l’a emporté. Ce n’était pas de la faute du CIUSS, qui était pourtant très satisfait de notre travail. »

La perte de ce contrat et la pandémie qui a suivi ont sérieusement compliqué la situation de l’organisme, qui doit désormais appliquer des protocoles sanitaires stricts. De plus, plusieurs résidences pour personnes âgées, qui ne sont pas des CHSLD, sont encore hors de portée pour le personnel de l’organisme.

« À mon avis, ça va redécoller quand le premier ministre donnera formellement l’indication que c’est sécuritaire. D’ici là, les gens continuent de craindre le virus », conclut Anne Gélinas.

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