Une maman québécoise, ça vaut combien?
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 18 mars 2015
On peut lire l'article ici.
Environ 20 % des Québécoises sont des mères au foyer, selon la Gazette des femmes (en 2012). Si elles étaient payées à plein temps, cela ajouterait plus de 112 milliards de dollars au PIB du Québec.
Comment en arrive-t-on à un tel calcul? En utilisant l’approche d’Interflora, une chaîne britannique de fleuristes, qui a fait un coup de pub en calculant le salaire fictif d’une maman à plein temps, soit 260 000 $ par année, à partir du taux horaire moyen des enseignants britanniques (33,73 $ l’heure).
Sept jours sur sept
Et ici? Selon l’enquête sur la rémunération globale au Québec (2012) de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), une enseignante au primaire ou au secondaire gagnait un salaire horaire moyen de 36,56 $ en 2013. Le secteur emploie 74,2 % de femmes.
En utilisant la grille d’Interflora, soit une présence de 119 heures par semaine en moyenne, 17 heures par jour, multipliée par le taux horaire des enseignantes québécoises, on arrive à un salaire brut de 226 233,28 $ par année. Cette rémunération exclut les heures supplémentaires (se lever la nuit pour donner le biberon ou pour calmer l’enfant après un cauchemar, les visites à l’urgence, etc.), mais inclut une présence au boulot sept jours sur sept.
Une aubaine
Donc, à ce revenu-là, notre maman va être imposée au taux marginal de près de 50 %. Évidemment, il faudra tenir compte de plusieurs facteurs avant d’en arriver à un salaire net. Nous avons fait l’exercice, très aléatoire, avec un fiscaliste.
Une fois tous ces calculs effectués (v. notre encadré) et si elle n’a fait aucun don, elle paiera 36 000 $ d’impôt au fédéral et 45 000 $ au provincial (montants arrondis, en tenant compte des crédits d’impôt). Elle gagnera donc 136 233 $ après impôt. Comme il y avait 822 807 mères au foyer en 2012 au Québec selon l’ISQ, ça représente un peu plus de 112 milliards de dollars selon notre calcul pas du tout scientifique. Conclusion: les mamans à plein temps constituent une aubaine incroyable pour la société québécoise! Mais, si on pousse la logique un peu plus loin, il faudrait tenir compte de l’implication des papas dans les tâches domestiques.Selon Statistique Canada, les femmes consacrent en moyenne une fois et demie plus de temps que les hommes aux tâches domestiques et aux soins aux enfants. Mais nous avons renoncé à faire ce dernier calcul...
Salaire brut annuel estimé d’une maman québécoise : 226 233,28$
Déductions de notre maman
Notre maman pourra déduire le salaire d’une gardienne si elle décide de se payer de petites vacances en solo ou avec son amoureux... sans les enfants. Admettons qu’elle a «droit» à deux semaines par année et que belle-maman
«couvre» gratuitement la première. Les sept autres jours lui coûteront 1932 $ si on tient compte d’un salaire horaire de gardiennage d’environ 11,50 $ l’heure au taux horaire normal d’une gardienne de 18 ans, selon le site Mamanpourlavie.com.
Si notre maman a deux enfants, au fédéral, elle pourra déduire ce coût en totalité, ce qui lui fera un remboursement d’impôt de 966 $. Au provincial, elle aura droit à un crédit d’impôt remboursable de 502$ (soit 26 % de la facture). La gardienne représente donc un coût net de 464 $ (soit 76 % des frais de garde).
REER
Elle pourra retirer des allocations familiales, soit la Prestation universelle de garde d’enfant au fédéral (PUGE), de 160 $ par mois pour un enfant de moins de six ans (imposable au conjoint qui gagne moins qu’elle, soit 45 000 $ par année). Pour deux enfants, ça représente une déduction de 3840 $ par année pour son mari. Mais elle n’aura pas droit à la Prestation
fiscale canadienne pour enfant (PFCE) qui est dégressive selon le revenu familial. Elle aura aussi droit au Crédit d’impôt remboursable du provincial pour le soutien aux enfants, qui est ajusté en fonction du revenu du conjoint, qui s’élève ici à 55 $ par mois non imposable, donc 660 $ par année.
Elle pourra utiliser le crédit d’impôt non remboursable fédéral pour les activités artistiques et la condition physique des enfants, de 1000 $ par enfant. Après déduction et abattement, ça représente 620 $ par enfant, soit 1240 $ au total. Au Québec, on parle d’un crédit d’impôt de 40 $ par enfant, soit 1320 $.
Si elle alimente son REER (18 % du revenu gagné) de 24 270 $, ce qui lui permettra de diminuer sa facture fiscale de 12 135 $.