Philippe Fehmiu: Casque melon et noeud papillon

Publié dans le Magazine Vélo Urbain,  juin 2014

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Le magazine Elle Québec  l’a désigné comme une des 40 personnalités québécoises les plus lookées. Rebecca Makonnen a révélé aux journalistes qu’il n’enfourche jamais son vélo sans son noeud papillon. L’animateur Philippe Fehmiu, la voix de l’émission quotidienne Vi@Fehmiu , sur Espace Musique de Radio-Canada, ne se déplace plus qu’à vélo, même quand il se rend à des tapis rouges ou des lancements. Et le noeud papillon, c’est sa marque de commerce.

« Je me suis débarrassé de ma voiture en mai, l’an dernier. Je voulais savoir si c’était possible de vivre un an sans voiture. Je pense que je vais faire beaucoup plus longtemps qu’une seule année ! »

Fehmiu a toujours circulé à vélo en ville. Mais aussi à la campagne. « Je viens de Sainte-Thècle, en Mauricie. J’habitais un rang à 3 km du village. Mon seul moyen de transport, c’était le vélo. Parfois, je faisais l’aller-retour trois fois la même journée, même pendant la canicule. Disons que l’époque était moins confortable qu’aujourd’hui pour les jeunes... Maintenant, pédaler me rappelle mes souvenirs d’enfance ! »

Plus vite qu’en bagnole

Le matin, l’animateur enfourche son vélo, à l’angle des rues Rachel et Clark, puis il suit la piste Rachel avec ses enfants. Arrivé à de Bullion, il prend un café au Névé vers 8 h. Quelques minutes plus tard, près de Berri, il dépose sa marmaille à l’école et descend l’avenue du Parc-La Fontaine puis, Amherst jusqu’au boulevard René-Lévesque et la grande tour de la SRC. « J’arrive au boulot à 8 h 20 avec une acuité totale ! Je suis aussi allumé que si j’avais descendu une pente de ski à grande vitesse. Parfois, je me rends à Radio-Canada sans toucher à mon guidon. Ça descend tout seul. Jamais je ne pourrais aller aussi vite en voiture. »

Fehmiu arrive avant ses collègues et se considère comme plus performant et lucide quand il se rend au bureau en pédalant. «Juste pour ça, même quand j’avais une voiture, j’allais travailler à vélo. »

L’animateur se reconnaît un look de dandy. Pas question d’y déroger. Surtout pas à vélo. Même pas quand il monte la côte Berri. « J’ai pas chaud rendu en haut. »

Il apprécie la flexibilité que lui apporte son mode de transport. Il se souvient de la fois où il célébrait l’anniversaire d’une de ses amies, organisé à l’Assommoir, rue Bernard Ouest, dans le Mile-End. Le rendez-vous était fixé à 18 h. Il s’y rend et... n’y trouve personne ! « J’ai alors conclu que ça se passait à l’Assommoir de la rue Notre-Dame. Pédaler là-bas m’a pris 10 minutes. Arrivé sur place, je connais tout le monde, mais il n’y a pas de party. Je demande à la volée : “C’est où la fête pour Catherine ?” On me dit que c’est sur Bernard ! » Fehmiu saute derechef sur son vélo et retourne rue Bernard, où les convives étaient arrivés légèrement en retard. Il avait fait l’aller-retour entre les deux établissements en moins d’une demi-heure, sans se poser de question. Frais et dispos. «En voiture, oublie ça ! »

L’animateur confie qu’il a enfourché son vélo initialement pour une question d’argent. « Je voyageais en voiture à l’époque. J’avais trois emplois : TVA, le Canal VOX et Radio-Canada. Et je déposais les filles à l’école. Mon comptable a insisté pour que je calcule tous les frais reliés à mon auto. Le prix du stationnement à Radio-Canada venait d’augmenter. Avec les parcomètres et les autres stationnements occasionnels, ça me coûtait environ 1 000 $ par mois juste pour me garer ! Et je perdais mon temps dans le trafic à chercher une place... »

Le civisme progresse

Philippe Fehmiu se réjouit de la hausse du nombre de cyclistes. Mais il invite les gens à joindre encore plus massivement le mouvement. « Se déplacer en voiture à l’heure de pointe, c’est réellement pas très sympa. En fait, le stress amène les gens à être moins courtois, plus agressifs. Il y a parfois de la violence sur la route, des comportements pas souhaitables. Alors qu’ils pourraient maintenir la forme et respirer un peu avant d’arriver au bureau... »

S’il neige ou s’il pleut, il utilise les transports en commun. Mais il préfère marcher. «Montréal est une ville à échelle humaine. Ça ne prend que 15 minutes pour traverser un quartier à pied. »

Comme piéton, il se fait un point d’honneur de respecter le code de la route. «C’est une question de civisme. La cohabitation voiture-vélo-piéton est assez particulière à Montréal et ce n’est pas facile d’y circuler en vélo. Honnêtement, les principales difficultés ne viennent pas des automobilistes ou des cyclistes. Si j’étais un décideur public, j’insisterais pour diffuser des campagnes de sensibilisation à l’intention des piétons. Je le constate tous les jours, rue Rachel. Ils savent que la piste cyclable est là, mais ils oublient son existence. Ils traversent n’importe quand, n'importe où, sans prévenir. Les principaux accidents, dans le secteur, impliquent avant tout des piétons. Le civisme, le code de la route, c’est pas juste pour les vélos et les autos ! »

Malgré tout, il reconnaît que les gens essaient de faire de leur mieux sur le bitume, que le civisme gagne des points. «Les accrochages sont davantage liés à la maladresse qu’à la délinquance. »© Stéphanie Lachance

Philippe Fehmiu loue une voiture quand il va à la campagne. Mais pas question de rouler autrement qu’à vélo en ville entre avril et décembre. Il en a fait une question de principe mais, surtout, de plaisir. 

Un animateur engagé

Nom: Philippe Fehmiu

Faits d’armes:

• Ses parents, une mère québécoise et un père béninois, se sont connus à Expo 67.

• Études en arts et technologie des médias à Jonquière.

• Années 1990. Débuts à Météomédia, (1991). VJ à Musique Plus (1993-1997). Carrière parallèle de comédien à la télévision (Jasmine).

• 2003. Anime la première saison de Loft Story à TQS avec Renée-Claude Brazeau (produite par Guy Cloutier).

• A travaillé à CKOI, CKMF, TVA, RDS, CJMS, TV5, Z télé, Canal Évasion.

• 2005. Il est congédié de l’émission Loft Story alors qu’il déclare en ondes qu’il refuse de travailler avec le docteur Mailloux, coanimateur, à la suite des déclarations racistes de ce dernier à l’émission Tout le monde en parle. Le docteur Mailloux sera aussi congédié. Le Journal de Montréal écrira que Fehmiu considère ce renvoi comme un prix de consolation; l’affaire, hautement médiatisée, relance sa carrière.

• 2008. Coscénariste et intervieweur du documentaire Descendants d’esclaves, diffusé sur RDI, qui s’intéresse au sort des esclaves d’Afrique de l’Ouest débarqués au Canada au début de la colonisation.

• 2009. Concepteur du film Couleur : Noir, sur l’identité noire au Québec, diffusé sur VOX.

• 2009. Il ouvre un restaurant, Robin des Bois (4653, boulevard Saint-Laurent), dont les profits sont versés à des groupes communautaires.

• 2009. Parrain du festival de Musique Multi-Montréal.

• 2010. Animateur du festival de cinéma Vues d’Afrique.

• 2012. Membre du jury du Festival International du Film Black de Montréal.

• Anime l’émission Le Lab à Canal VOX.

• Anime Vi@Fehmiu à Espace Musique, de Radio-Canada, chaque jour de midi à 15 h.

 

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