Pas si simple d’assurer son chalet
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, Section Dans vos poches, 12 juin 2014
On peut lire l'article ici.
Depuis quelques mois, le bruit court dans les Laurentides que plusieurs propriétaires de chalets se voient refuser leurs indemnités après sinistre. Il faut donc prendre quelques précautions pour protéger son petit coin de paradis.
Évidemment, il y a une énorme différence entre un camp de chasse et de pêche perdu au fond de la forêt boréale, un petit chalet sympa quatre saisons à portée d'autoroute ou un domaine digne de l'émission des gens riches et célèbres du lac Memphrémagog, de Tremblant ou du lac Saint-Joseph. Pour le monde ordinaire, les assureurs font une distinction fondamentale entre un chalet accessible par la route à l'année ou non.
Si vous avez déjà magasiné de l'assurance habitation, vous savez qu'une police peut comporter des exclusions. Avec un chalet tout équipé que vous fréquentez tous les fins de semaines, hiver comme été, relié au réseau routier et desservi par le service des incendies local, vous aurez toutes les chances de bénéficier d'une police tous risques, qui comporte peu d'exclusions et offre généralement une valeur à neuf. Mais si vous ne passez qu'un mois à votre camp de pêche évalué à 30 000$, que vous n'atteignez qu'en chaloupe, ou la seule saison d'été dans un chalet qui n'est pas isolé pour l'hiver, vous aurez peut-être une police « à risques dédiés ». Cette dernière comportera plusieurs exclusions et une indemnité de reconstruction limitée, qui ne couvrira peut-être pas le coût total des travaux ou des meubles.
Comme pour toute police habitation, celle du chalet couvre l'immeuble, ses dépendances, leur contenu et la responsabilité civile. La tarification varie selon différents critères : valeur du chalet et des biens, caractéristiques du bâtiment, géographie, usage, fréquentation, distance des premiers répondants ou de la borne incendie... Le meilleur moyen d'obtenir une couverture adéquate à un prix acceptable, c'est de magasiner. D'autant plus que certains assureurs refusent de couvrir votre chalet s'ils n'assurent pas déjà votre résidence principale (propriétaire ou locataire)...
« Lisez attentivement votre contrat d'assurance, notamment pour connaître les exclusions », conseille Marie-Ève Vézina, directrice des risques spéciaux chez Desjardins.
Cette dernière relève d'ailleurs une exclusion qui revient souvent dans les contrats d'assurance de chalets : les dommages par l'eau causés par le gel des tuyaux en période de chauffage. Les assureurs exigent qu'ils soient vidangés en votre absence ou que le chalet soit visité régulièrement. La majorité des assureurs exigent une visite aux quatre jours (sept chez Desjardins). Soyez donc ami-ami avec votre voisin qui est là à l'année...
Mme Vézina suggère aussi de vidanger le chauffe-eau (en branchant notamment un tuyau de la valve de vidange vers le drain) et de couper le courant l'alimentant (pour ne pas brûler l'élément). Il faut aussi le remplacer aux dix ans.
Certains assureurs font des inspections aléatoires surprise. Vous avez donc l'obligation d'entretenir adéquatement votre chalet, notamment le toit et les fenêtres (pour prévenir les infiltrations). Avertissez votre assureur si vous faites des travaux d'agrandissement ou de rénovation, ou si vous mettez le chalet en vente (notamment si vous le videz de ses meubles). Et, surtout, si vous le louez à autrui, sinon vous perdez votre protection en cas sinistre. Imaginez si un client se blesse ou met le feu... Fait surprenant : assurer votre chalet peut coûter plus cher que votre résidence principale. Un villégiateur averti en vaut deux.
Nos conseils :
• En période de gel, maintenez la température à 17-18 degrés en votre absence
• Coupez l'eau et ouvrez une champlure avant de partir
• Les dommages ou pertes causées par le vol ou le vandalisme ne sont jamais couverts par les polices habitation saisonnières, à moins d'en faire la demande ($$)
• Faites l'inventaire de tous vos biens situés à votre chalet
• Ne laissez aucun bien de valeur visible des fenêtres en votre absence
• L'assurance d'un chalet n'est pas obligatoire... à moins d'avoir une hypothèque
• Économisez en assurant aussi votre résidence principale, voiture, VTT, bateau ou motomarine chez le même assureur