Le pari de Nicolas Boucher

Publié dans le magazine Le Mentor de décembre 2012, du Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurshipOn peut lire les articles ici.« C’est un feu roulant. Une autre dimension. Un autre monde. Mais l’entrepreneurship est passionnant, prenant, agréable, motivant. J’ai vraiment pris la bonne décision. »C’est ainsi que Nicolas Boucher commente son passage de salarié à repreneur d’entreprise. Ce dernier, qui dirigeait le développement du Réseau M il y a à peine quelques mois pour la Fondation de l’entrepreneurship, a tout lâché pour plonger dans l’aventure du monde des affaires. Et il ne l’a pas fait avec n’importe qui. Son partenaire est Clément Limoges, un des mentors les plus actifs et formateur du Réseau M, rattaché à la Jeune chambre d’affaires et de professionnels de Lanaudière.Malgré tout, Nicolas Boucher a pris tout un risque. Un véritable saut en parachute.« Je venais du milieu académique. J’avais la sécurité, un revenu stable, un bon boulot dans un environnement intéressant. J’ai tout largué pour me lancer en affaires », dit-il. Aujourd’hui, ses revenus ont fortement diminué. Il gagne probablement moins que la moyenne de ses employés... Il a aussi déménagé de Québec à Lanaudière avec ses deux enfants et sa femme, enceinte d’un troisième. Cette dernière a également plaqué un emploi très payant pour embarquer dans l’aventure : elle s’occupera de la famille pendant qu’il se consacrera à sa nouvelle carrière d’entrepreneur pour les cinq prochaines années. Un véritable vote de confiance.Il vit très bien avec l’insécurité et les sacrifices. « Tu manges du beurre d’arachides pendant des années. Mais comme plusieurs mentors me l’ont dit : si tu t’occupes adéquatement de ton entreprise, elle te le rendra au centuple. Maintenant que je suis dans un processus de relève, je me le répète presque quotidiennement. »Mais comment en est-il arrivé là ? « À force de côtoyer des mentors et des mentorés, tous entrepreneurs de différents milieux, j’ai eu la piqûre. Je connaissais Clément depuis sept ans. L’an dernier, j’ai entendu parler qu’il cherchait à agrandir son entreprise en achetant un autre magasin. Je lui ai dit en boutade que ça m’intéressait. On est passé de l’humour à un projet sérieux. »Clément Limoges possède trois magasins Rona, à Crabtree, Repentigny et Le Gardeur. Il songe depuis quelque temps à prendre de l’expansion mais aussi... à se retirer des affaires! Il a vu son repreneur potentiel en Nicolas Boucher. Mais ce dernier ne connaissait rien au commerce de détail ni à la quincaillerie.Qu’à cela ne tienne, il s’intègre rapidement à l’équipe de Clément Limoges. « J’ai de la chance d’arriver dans un milieu organisé. Et d’avoir un partenaire de grande qualité ! »Bâtir quelque choseNicolas Boucher confie qu’il trouve beaucoup plus simple de reprendre une entreprise existante que de partir à zéro. Même s’il doit faire ses classes.« La personne qui cède son entreprise doit démontrer de la confiance au repreneur. Il doit lui dégager une certaine place pour que ce dernier puisse prendre de l’initiative, tester ses idées. Même si le cédant est encore là pour plusieurs années, ça fait mon affaire ! C’est mon filet de sécurité. »Nicolas Boucher a l’impression de bâtir quelque chose pour lui-même, sa famille, ses employés. « Ces derniers savent que je suis en formation pour acheter un magasin. Mais, pour le moment, on n’a pas encore choisi lequel ou... lesquels des établissements feront l’objet de cette future transaction », dit-il. D’autant plus que le processus d’acquisition d’un quatrième magasin suit son cours.Dans ce contexte, la démarche de transfert s’étale sur une longue période, question de rassurer les financiers, les fournisseurs et les employés.Le merveilleux monde des affairesLe repreneur adore sa nouvelle vie. Il n’a aucun statut fixe dans l’entreprise. Son poste officiel, c’est partenaire.« J’apprends à connaître tous les aspects de l’entreprise, parfois de façon pointue. C’est incontournable si je veux, un jour, devenir le chef d’orchestre. Dans ces conditions, l’acquisition des connaissances représente tout un défi. J’ai passé du temps dans les bureaux, aux achats et à l’administration, sur le plancher, dans la cour à bois, dans les matériaux. J’ai fait une session de caisse, j’ai aidé à monter le saisonnier de Noël. Je passe d’un magasin à l’autre. »Nicolas Boucher reconnaît que c’est un apprentissage complexe. Il doit s’imprégner de la culture de l’entreprise, des méthodes Rona, connaître les particularités de plus de 25 000 produits, apprendre à échanger avec les employés, les clients, les fournisseurs. Même s’il maîtrisait davantage l’aspect gestion au départ, l’expérience est valorisante, et ce, malgré les embûches.Le repreneur confie qu’il doit se retenir parfois avant de prendre les guides. Pas juste pour parfaire ses connaissances, mais surtout pour se sentir pleinement en confiance. Il bénéficie du soutien de son propre mentor, un vieux routier du monde des affaires qui n’a rien à voir avec le commerce de détail.« J’ai travaillé plusieurs années dans le domaine du mentorat pour entrepreneurs. S’il y a quelqu’un qui connaît la valeur d’une démarche mentorale, c’est bien moi ! Clément sait que j’ai un mentor mais il ne le connaît pas et s’en accommode parfaitement », dit-il.Tout repreneur d’entreprise devrait avoir son mentor, insiste-t-il. Nicolas Boucher se considère chanceux d’avoir un cédant qui est un véritable partenaire dans sa démarche. La réputation de Clément Limoges n’est plus à faire dans Lanaudière, auprès des banquiers, des fournisseurs, des clients.« Je suis choyé de bénéficier de ce partenariat à long terme et d’une équipe qui m’aide beaucoup à prendre ma place. Mais c’est aussi très important d’avoir quelqu’un à qui se confier. De pouvoir prendre du recul. Ceux qui connaissent déjà le mentorat vont se reconnaître : mon mentor ne me juge pas. Il m’amène vers certaines réflexions insoupçonnées. Je valide des idées avec lui. C’est rassurant. Je me sens plus en confiance. Le mentorat, pour un repreneur, ça vaut de l’or ! » 

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