Les Québécois devraient améliorer leur littératie financière

Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 4 novembre 2023On peut lire l'article ici.

C’est le mois de la littératie financière et les études confirment qu’une majorité de Québécois ne maîtrisent pas les concepts de base.

C’est le mois de la littératie financière, et les études confirment qu’une majorité de Québécois ne maîtrisent pas les concepts de base en finances personnelles et en économie. Ils auraient tout à gagner à s’instruire davantage.Pas surprenant qu’un Québécois sur trois vit d’une paie à l’autre, que les consommateurs n’ont jamais été aussi endettés, qu’ils paniquent avec l’inflation galopante et les fluctuations des marchés financiers. Si leur niveau de littératie financière était plus élevé, il en serait tout autrement.Concrètement, la note de connaissance en littératie financière des Québécois est de 54% selon une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF). «Et les progrès sont lents au fil des ans, ce qui représente un défi», commente Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF.Mais cette note varie. Moins les gens sont scolarisés ou disposent d’un revenu élevé, moins ils ont de connaissances financières et économiques, et moins ils sont prudents dans leurs finances.«Cela dit, les Québécois ne seraient en moyenne ni pires ni mieux en comparaison avec le niveau de littératie financière que l’on retrouve ailleurs au Canada et même aux États-Unis. Ces carences sont observées un peu partout dans le monde», ajoute M. Théberge.

Prendre le contrôle

«Avec une personne sur deux qui fait un budget et qui épargne pour ses études, une majorité de gens qui n’y comprennent pas grand-chose quand on leur parle de REER, de CELI, de fonds communs de placement ou de CPG, ça ne me surprend pas», analyse Youcef Ghellache, prof de finance au collège Montmorency, fondateur d’ÉducFinance.Selon lui, une partie seulement de la population prend le temps de s’informer sur les questions financières. «Beaucoup de gens peu éduqués prennent de mauvaises décisions de consommation ou d’épargne. Ils ne sont pas intéressés à s’informer et demeurent des consommateurs, au lieu d’être des investisseurs.»Il reconnaît qu’il existe un cours sur l’éducation financière au secondaire, mais ce n’est pas assez pour s’en sortir une fois arrivés à l’âge adulte, notamment quand on utilise une carte de crédit, qu’on achète une première propriété, qu’on veut épargner pour sa retraite, payer ses impôts, assurer ses biens ou sa santé.Par contre, ces étapes de la vie constituent souvent un élément déclencheur pour s’informer sur les questions financières, ajoute Sylvain Théberge.«On dénote aussi que plus on possède de produits financiers variés tôt dans la vie, plus le niveau de littératie est élevé. La littératie financière, ça commence tôt et c’est le travail de toute une vie», insiste-t-il.

Aucune connaissance

«Ça m’arrive régulièrement de rencontrer des gens qui n’ont aucune connaissance en économie ou en finances personnelles, révèle Johanne Leblanc, conseillère budgétaire à Option Consommateurs. Une bonne part des consommateurs ont des notions limitées. Il y a, certes, plusieurs possibilités d’apprendre sur internet, mais les gens doivent être sensibilisés pour faire l’effort.»Pourquoi s’intéresser à ces questions? «Plus on a une bonne littératie, plus on réfléchit sur ces questions, plus on améliore sa situation financière, reprend-elle. On est davantage confiant de ce qu’il est possible de faire pour améliorer son sort. C’est difficile d’utiliser les bons outils quand on ne les connaît pas.»Dans la vie, on ne contrôle pas certaines choses comme la maladie, un décès, la perte d’emploi, une séparation ou un divorce. «Plus on en connaît en matière de finances personnelles, mieux on est outillé pour faire face aux crises. Les connaissances de base, n’importe qui peut les maîtriser pour faire les meilleurs choix de vie possibles», affirme Johanne Leblanc.Autrement dit, plus on a de connaissances financières, plus on est maître de son destin, conclut Youcef Ghellache.

QUI EST PLUS PRUDENT AVEC SES FINANCES PERSONNELLES?

Une étude d’Accès au Droit et à la Justice de 2022, dévoilée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), permet de mesurer le niveau de littératie des Québécois et, surtout, leur prudence quand ils prennent des décisions.• Environ une personne sur deux tient un budget personnel.• Un Québécois sur trois ne compare pas les taux d’intérêt obtenus sur leurs emprunts importants.• Un Québécois sur quatre se plaint de son niveau d’endettement.• Les personnes qui ont un diplôme collégial ou universitaire et qui gagnent plus de 80 000$ par année sont plus prudentes financièrement que celles qui n’ont pas de diplôme, qui détiennent un diplôme secondaire ou un DEP.• Les diplômés universitaires et les travailleurs qui gagnent plus de 80 000$ par année sont les plus compétents en matières financières.• Les gens sans emploi, à la maison à temps plein, les étudiants, les retraités ou les travailleurs à temps partiel sont plus enclins à être désinvoltes ou incompétents financièrement que les travailleurs à plein temps.• Les travailleurs autonomes sont plus compétents financièrement que le reste de la population.• Les propriétaires et les parents ont une plus grande compétence financière globale que les locataires et les ménages sans enfants.• Les gens qui forment un couple sont, en moyenne, plutôt prudents financièrement que les gens seuls.• Les gens qui vivent « au jour le jour » sont les moins compétents financièrement.• Les consommateurs qui détiennent des produits financiers (hypothèque, carte ou marge de crédit) sont financièrement plus prudents et compétents que ceux qui possèdent des prêts personnels ou se disent endettés.• Une majorité de Québécois ne semble pas comprendre la relation entre le risque et le rendement, ou leur tolérance au risque, en matière d’investissement.

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