Marilou Bourdon, Une cheffe d'entreprise modèle

Publié dans le magazine Premières en affaires, 1722mai 2023On peut lire l'article ici.Star, phénomène médiatique et marque de commerce, Marilou Bourdon est aussi et avant tout une femme d’affaires. Pour les rares Québécois qui ne connaissent pas Marilou Bourdon, cette enfant étoile avait été repérée par Guy Cloutier et a fait sa première apparition télé à 11 ans. Elle gère aujourd’hui avec flair, talent et conviction la croissance d’une entreprise qui va très bien. Marilou n’a pas fini de nous impressionner et d’inspirer les générations à venir à se dépasser. C’est le pronostic de Premières en affaires.Quand elle a 14 ans, René Angélil l’emmène avec Céline Dion dans ses tournées promotionnelles européennes. Elle assure les premières parties des spectacles outremer de Garou devant des foules de 10 000 personnes. Elle chante en duo avec Gino Quilico. Luc Plamondon lui confie le rôle de Fleur-de-Lys pour l’opéra Notre-Dame-de-Paris. Elle joue dans la télésérie musicale Chante. Alors qu’elle n’a pas 20 ans, avec ses quatre disques, Marilou est déjà une célébrité.L’ex-dragon Serge Beauchemin a encouragé la fibre entrepreneuriale qu’il avait décelée chez Marilou. Brigitte Jalbert, d’Emballage. Carrousel, a été la première à financer l’inventaire en ligne de Marilou.Elle annonce en 2013 qu’elle met fin à sa carrière musicale. « Je vivais trop de pression, dit-elle. Je souffrais de troubles alimentaires. J’étais au bout du rouleau. Je consultais des psys et des thérapeutes. À l’époque, on ne parlait pas tellement d’anorexie. » Pour se remettre sur pied, Marilou se cherchait un projet créatif. « J’ai lancé Trois fois par jour pour répondre à mes besoins personnels : je voulais être attirée par ce qui se trouvait dans mon assiette. » Le succès est instantané. Marilou apprivoise cette nouvelle réalité avec recul et maturité : « Pour moi, le monde des affaires, c’était des chiffres. Je ne voulais pas être cartésienne, j’étais une artiste. Je me suis rendu compte qu’un entrepreneur est une personne créative et sensible. Je me suis assumée.Je fais de la business, je suis une femme d’affaires, j’ai toujours eu la fibre entrepreneuriale. Ça m’a pris huit ans pour le comprendre. » La cheffe d’entreprise se dit chanceuse d’avoir croisé des personnes comme l’ex-dragon Serge Beauchemin, qui a décelé en elle ce qu’elle ne percevait pas elle-même. Ou Brigitte Jalbert, qui a été la première à financer son inventaire en ligne. « Aujourd’hui, je sais comment déchiffrer un bilan », dit-elle en riant.MARILOU INC.Marilou est la seule actionnaire de sa compagnie de gestion, Marilou Bourdon inc. (MBI). Cette entreprise chapeaute Trois fois par jour, qui édite le célèbre magazine trimestriel, et Bourdon et Filles, une société immobilière.Trois fois par jour publie des livres et réalise de la création de contenus (white labelling) pour des clients commerciaux, comme les photos de crème glacée pour le glacier Coaticook. La renommée du label vient aussi de produits prêts à manger distribués dans les grandes bannières (Costco, Metro) avec un contrat d’exclusivité pour les pâtisseries et boulangeries chez IGA. Les consommateurs aiment le poulet au beurre de Marilou, ses boulettes suédoises, ses gâteaux et bûches pour les fêtes de fin d’année. L’entreprise vient aussi de lancer une gamme de soins de la peau. Sur Troisfoisparjour.com, on peut acheter la vaisselle de céramistes québécois et des textiles cousus main.La filiale immobilière vient d’acquérir un entrepôt de 14 000 pieds carrés au prix de 2,5 M$ dans le quartier industriel de Longueuil. Financée par Desjardins et Investissement Québec, cette acquisition permet à l’entreprise de loger certains fournisseurs, qui louent 3000 pieds carrés d’espace de travail. Bourdon et Filles est également propriétaire de l’immeuble qui abrite son magasin, en bordure de l’autoroute 20, près du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. L’endroit bénéficie d’une visibilité exceptionnelle. Elle entend louer les bureaux à l’étage, pour générer des revenus stables. Une bonne affaire pour les heureux locataires qui vont y aménager leurs bureaux. Le mot « stable » est important. « Je gère mon entreprise avec beaucoup de prudence. Tous les risques que je prends sont calculés. Je réfléchis longtemps avant chaque décision. J’ai choisi une approche diversifiée, parce que le commerce de détail est un domaine en dents de scie. J’ai opté pour un commerce de destination, dans un immeuble que je possède, pour diminuer les risques. Je préfère croître lentement, mais solidement. »À 32 ans, Marilou gère ses affaires et son patrimoine familial avec une maturité et un aplomb qui devrait servir de modèle à bien des dirigeants. Son statut de propriétaire est crucial dans la planification de son avenir : « Dans dix ans, mes immeubles seront payés. J’ai deux filles de 4 et 7 ans, la stabilité m’importe davantage que de flasher avec 19 boutiques dans des centres commerciaux à la mode. » Le design de la boutique est soigné. « Même l’entrepôt est mignon et il sent bon. J’aime travailler dans de beaux environnements. Ce n’est pas superficiel. L’esthétisme de la boutique reflète la marque, qui est devenue un standard au Québec, avec ses ton sur ton, le blanc, les matières brutes. Dans certains milieux, on parle d’un look Trois fois par jour. »TALENTS ET COLLÈGUESLancer une boutique en pleine crise de la main-d’oeuvre, c’est risqué. Marilou rétorque qu’elle a embauché des retraités, même pour l’entrepôt. Des gens flexibles, dépourvus de stress, des gens qui vont à la rencontre des clients. « Ils sont toujours affables, souriants. Ils ont changé ma vie. » Elle compte sur une dizaine d’employés et emploie une vingtaine de contractuels. L’entrepreneure et précurseure prend la mesure du chemin parcouru. « Au début, j’étais incapable de lire un bilan financier. Je ne me sentais pas très intelligente. Je n’étais pas allée à l’école comme les autres, parce que j’avais passé mon enfance en tournée. Mais j’ai fini par réaliser que mon bagage était tout aussi valable. »DES CONVICTIONS ET DES VALEURSCertaines de ses décisions paraissent contre-intuitives. Comme de réduire sa marge de profit pour payer ses artisans, ou de régler les factures à la réception, de faire même des avances. « C’est important pour moi d’encourager les créateurs québécois. Exportation, conquête de nouveaux marchés : pour Marilou, c’est non. Cette femme d’affaires engagée refuse de vendre hors du Québec, pour éviter la pollution générée par le transport de sa marchandise. Elle tire une fierté du fait que les profits qu’elle réalise avec sa boutique ou en ligne soient réinvestis au Québec. Marilou insiste aussi pour maintenir la parution papier de son magazine, même si le prix du papier a explosé ces derniers mois. « On imprime entre 40 000 et 60 000 exemplaires à chaque numéro et on les vend en kiosque. Comme on gère nous-mêmes nos abonnements, ça nous permet de faire des promotions croisées. Ce produit est porteur de notre image de marque. Serge Beauchemin me disait que je me tirais dans le pied avec le magazine, mais il est rentable, c’est ce qu’indiquent mes états financiers… »L’entrepôt n’est pas automatisé, mais la gestion des stocks se fait par Shopify. Marilou commande de petits volumes avec prudence et se retrouve souvent en rupture de stock. Pas question d’acheter en Asie. « Si chaque Québécois achetait des produits fabriqués ici, ça ferait une énorme différence dans l’économie. » Marilou est également porte-parole de la marque automobile Hyundai, un contrat qu’elle avait initialement refusé. Elle s’est ravisée en exigeant que la production des publicités soit 100 % québécoise. « Chaque tournage fait travailler 100 personnes. Et je réinvestis mes cachets dans mon entreprise. »

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