Relève entrepreneuriale: trois générations, un cinéma chéri

Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 13 mai 2023On peut lire l'article ici.Le cas du Cinéma Pine de Sainte-Adèle devrait être enseigné dans les écoles de gestion lorsqu’on aborde le transfert d’entreprises.La troisième génération est désormais à la barre de la PME familiale qui célèbre ses 75 ans cette année.L’histoire du cinéma Pine pourrait faire l’objet d’un film. En 1925, des réfugiés arméniens, qui avaient fui le génocide, s’implantent à Sainte-Adèle pour cultiver une terre achetée en plein hiver après avoir voyagé sur le P’tit train du Nord.C’était une terre de roche. Qu’à cela ne tienne, ils lancent un commerce de fruits et légumes sur le bord de la route 11 (aujourd’hui, la 117) avec quelques planches et beaucoup de volonté.Pour la main d’AuroreAprès la guerre, Philippe (Phil ou Vram) Fermanian courtise une belle du village, Aurore, qui lui répond qu’elle le mariera seulement s’il bâtit son cinéma, un rêve qu’il chérit depuis des années. En 1948, le Pine est inauguré en présence des notables du village, dont le maire Pierre-Henri Grignon, qui a écrit Les belles histoires des pays d’en haut.Quelques décennies plus tard, le Pine projettera avec beaucoup de succès Séraphin, de Charles Binamé.Le père et le filsPhil et Aurore auront deux fils, dont Tom, qui reprendra le flambeau à... 14 ans. La famille habite dans la marquise et Tom accompagnait son paternel chez les distributeurs de films à 5 ans. Il savait comment faire éclater le popcorn à 11 ans. Il apprend à manier le projecteur sur des caisses de lait, comme dans le film Cinéma Paradiso. On passe du salon à la cabine de projection en ouvrant une porte.Tom achète le cinéma familial dans l’année de ses 21 ans.« Je n’ai jamais eu de mésentente ou de grosse différence d’opinion avec mon père, explique Tom. Il m’a toujours dit que c’est moi qui décidais. Disons qu’il m’a donné assez de corde pour que je me pende, mais je ne l’ai jamais prise au complet ! »Enfant, Tom Fermanian avait compris que quand on travaille pour l’entreprise familiale, on n’a rien à redire. C’est tout simplement normal d’aider la cause. Tout le temps.« J’ai ça dans le sang, mais j’ai dû gagner mes épaulettes, reprend-il. Il y a toujours de la place pour de l’innovation. Mais avant de changer quelque chose, on doit savoir comment ça marche. »Très jeune, Tom Fermanian a eu beaucoup de marge de manœuvre. Son paternel lui faisait confiance.« Il me disait que si j’avais des doutes sur un sujet, je n’avais qu’à en discuter avec lui, dit-il. J’ai fait la même chose avec mon gars. »Tom et son épouse Geneviève ont dirigé l’entreprise familiale avec beaucoup de doigté pendant plus de 40 ans. Ils ont eu un fils, Perry, et une fille, Michèle.Le fils et le petit-filsPerry a repris progressivement la barre depuis quelques années. Aujourd’hui, c’est lui le patron.« J’ai commencé à 13 ans, j’ai gagné le respect de mes parents, révèle-t-il. Ils savent que je suis capable d’être efficace. »Ce dernier a brièvement travaillé pour un distributeur de boissons gazeuses avant de revenir dans l’entreprise familiale.« Ça m’a permis de comprendre comment on dirige une PME dans plusieurs secteurs de l’économie. J’ai vu plein de styles de management. Certaines entreprises sont bien gérées, d’autres font pitié. »La clé du succès, selon Perry, en affaires comme en amour, c’est la communication.« Mon père et moi, on se parle tout le temps, on se consulte. Si un des deux propose un projet et que l’autre a des doutes, on s’explique. Mon père me donne toujours son opinion et je donne la mienne. Même si j’ai fait mes preuves, il sait que je ne prendrai pas de décisions farfelues. »Tom Fermanian ajoute qu’il a enseigné l’ADN de l’industrie à son fils.« Moi, j’ai respecté mes parents comme ça se faisait dans mon temps. Aujourd’hui, j’ai le respect de mon fils. Mais, désormais, c’est lui qui mène le show ! »

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