Le caricaturiste Martin PM est à la COP15
Publié sur le site web du Journal des Voisins, 14 décembre 2022On peut lire l'article ici.Le caricaturiste Martin Patenaude-Monette est à la COP15 sur la biodiversité, une conférence de l’ONU qui se tient présentement à Montréal jusqu’au 19 décembre.Également caricaturiste pour le journaldesvoisins.com (JDV), Martin PM, comme tout le monde le surnomme (il signe ainsi ses œuvres), représente, à la COP15, Journalisme9, une coentreprise spécialisée dans le bédéreportage, issue de Nouveau Projet, Atelier 10 et La Pastèque.« Je travaille depuis mars 2021 sur un long bédéreportage portant sur l’échec des lois et politiques québécoises de protection de la biodiversité, explique-t-il au JDV. Ce reportage sera lancé à l’automne 2023, si tout va bien, par Journalisme9. »Le timing de la COP 15 n’aurait pas pu être plus approprié. Initialement prévue en Chine, la conférence a été déplacée à Montréal à cause des politiques chinoises de lutte contre la COVID-19. L’annonce a eu lieu en juin.« C’est la première fois que je participe à une telle rencontre; c’est étourdissant, poursuit-il. C’est une excellente occasion de réseauter et de rencontrer des gens avec qui on n’aurait jamais pensé discuter en temps normal, car ils sont éparpillés partout dans le monde. Pour la COP, ils sont tous au Palais des congrès. Ces rencontres aident à nourrir mes réflexions. »Projet de longue haleineAvant de se tourner vers le dessin, Martin PM, qui est biologiste de formation, a fait carrière dans les évaluations environnementales, notamment pour le ministère de l’Environnement du Québec. Il songeait depuis des années à ce projet de bédéreportage sur la biodiversité, avant d’obtenir une bourse du Conseil des arts du Canada, en mars 2021.Il a donc observé et documenté des projets de développement dans le sud du Québec, notamment des développements immobiliers dans des milieux naturels fragiles. « J’ai suivi des dossiers où il y a eu des mobilisations citoyennes : certains ont été bloqués, d’autres modifiés », ajoute-t-il.Ça recule au lieu d’avancerEn décembre, cela fera 50 ans que le Québec se dotait d’une première loi sur la qualité de l’environnement. Plusieurs autres lois et règlements environnementaux ont été adoptés depuis.« Malgré tout, le bilan est mitigé, observe Martin Patenaude-Monette. Au lieu de ralentir, la dégradation s’est accélérée, car les promoteurs utilisent toutes sortes de zones grises pour faire avancer leurs projets. Et de contourner l’esprit des lois. »D’autant plus que les gouvernements ne s’aident pas. Les municipalités n’ont pratiquement que les taxes foncières comme revenus; elles sont donc incitées à encourager le développement immobilier jusqu’aux limites de leur territoire, peu importe les conséquences. Rappelons-nous la rainette faux-grillon, une minuscule grenouille menacée, dont les habitats ont été protégés in extremis, notamment à Longueuil et à La Prairie.Les gouvernements provincial et fédéral sont pressés par les lobbies : on l’a vu avec les compagnies forestières, qui bloquent les projets d’aire de protection du caribou forestier sur la Côte-Nord. Ou encore le Port de Montréal, qui menace l’aire de reproduction d’une espèce de poisson en voie de disparition, le Chevalier cuivré, avec son projet de port de conteneurs à Contrecœur.C’est un peu ce que Martin PM entend démontrer avec son bédéreportage, dont le scénario est ficelé à 90 %. Il a même commencé à dessiner ce livre, qui fera 150 pages.« On a des lois, mais pas la volonté politique de les appliquer, reprend-il. On dit que l’économie et l’environnement, c’est conciliable. Peut-être, mais j’en doute si on maintient une croissance infinie. Autrefois, c’était tabou de remettre cette croissance en question. Aujourd’hui, on réalise qu’on ne peut construire des bungalows et des parcs industriels à l’infini. »Martin Patenaude-Monette est caricaturiste au JDV depuis plus de cinq ans. On peut voir aussi ses œuvres dans son blogue.