Doreen Assaad - Des valeurs d’exception

Publié dans le magazine Premières en affaires, novembre 2022On peut lire l'article ici.Doreen Assaad est la première femme d’une communauté culturelle à avoir été élue mairesse de Brossard. Cette «fille de la Rive-Sud», comme elle se décrit elle-même, considère que le Québec fait preuve d’une très grande ouverture à l’immigration.«Mes parents sont arrivés d’Égypte en 1970 et, à l’évidence, ils ont dû faire face à des défis, raconte Doreen Assaad. Ils ont composé avec la langue, la température et la culture, qui différaient grandement du pays qu’ils avaient quitté. Ma mère faisait sa maîtrise en génie électrique, mon père faisait la sienne en politique. Ils étaient sans le sou, mais, rapidement, ils sont tombés en amour avec le Québec. »Doreen Assaad est née ici. Elle se considère comme une enfant de la loi 101, même si elle aurait pu faire ses études en anglais.«J’ai étudié à l’Académie des Sacré-Cœurs, à Saint-Bruno, puis au collège Durocher à Saint-Lambert, avant de faire mon cégep à Brébeuf et de fréquenter l’Université de Montréal. J’ai passé ma jeunesse à Greenfield Park, mon adolescence à Saint-Lambert et j’ai eu un double coup de foudre pour Brossard: un pour mon mari, qui m’a convaincue de m’installer ici, un autre pour la ville», explique-t-elle.QUESTION TYPIQUES’identifie-t-elle comme Canadienne ou comme Québécoise? Elle répond qu’elle est très fière d’habiter au Canada. « Mais je suis encore plus fière, dans mon cœur, dans mes pensées, dans mes valeurs, dans tout ce que je vis, d’être Québécoise», répond-elle.Enfant, Doreen Assaad parlait anglais à la maison. Aujourd’hui, elle vit 100% en français. La décision d’étudier en français n’a pas été facile: «Ce fut tout un défi, pour moi, de penser en anglais et de tout traduire en français au fur et à mesure», dit-elle.L’intégration n’a pas été simple non plus pour ses parents qui, sur papier, comprenaient le français. Au quotidien, ce fut une autre paire de manches. «Un immigrant s’attend à faire face à des difficultés, reprend-elle. S’il veut que ses enfants s’intègrent et réussissent dans la société québécoise, il s’arrange pour qu’ils parlent le français. L’accueil existe et fonctionne, mais, selon moi, un immigrant doit faire l’effort d’apprécier la culture québécoise, d’aimer le Québec.»UNE ANALYSE NUANCÉELa dernière élection a permis de constater un certain clivage entre Montréal et le reste du Québec. Si les anglophones votent résolument pour le Parti libéral, le vote des immigrants est plus difficile à cerner. Les résultats électoraux semblent toutefois sans équivoque: un comté en Outaouais, un autreà Vaudreuil, deux à Laval, et un seul sur la Rive-Sud, La Pinière, qui couvre une bonne part de... Brossard. Rien à l’est de la métropole. Les élus du Parti libéral se concentrent sur l’île de Montréal, qui accueille 60% de l’immigration québécoise.Doreen Assaad insiste sur certaines nuances: «Ce n’est pas vrai que les gens des communautés culturelles votent libéral en bloc, commente-t-elle. Les chiffres ne sont pas aussi clairs. Les électeurs, peu importe leur provenance, s’intéressent avant tout aux plateformes et aux promesses électorales de partis avant de faire leur choix. »La mairesse ajoute qu’au niveau municipal, la politique est moins polarisante, car les services municipaux sont plus proches des gens. « Il s’agit avant tout de proposer une municipalité bien gérée, à coût raisonnable, d’une vie sociale enrichissante, d’activités qui plaisent aux citoyens», reprend-elle.Doreen Assaad a été élue en 2009 comme conseillère municipale. À l’époque, le profil des élus de Brossard collait largement au portrait type de l’homme blanc de plus de 50 ans. Elle détonnait non seulement par ses origines, mais aussi parce qu’elle était la deuxième plus jeune élue de l’histoire de la ville.En 2017, elle accède au fauteuil de première magistrate. Après Georgette Lepage, qui a dirigé la ville entre 1983 et 1990, c’est la deuxième femme mairesse de l’histoire de Brossard. Mais aussi la première issue des communautés culturelles, dans une ville où 37% des habitants sont issus de l’immigration et où l’on recense 57 communautés culturelles.Dans cette ville multiethnique, près de 60% des habitants parlent français. Un peu plus de la moitié de la population a le français (53%), l’anglais (28%) ou une autre langue que le français et l’anglais (5%) comme langue maternelle. Même si la Ville n’a pas de statut bilingue, l’essentiel des communications officielles se déroule en français, la majorité des Brossardois étant trilingues.« Quand j’ai décidé de me présenter à la mairie, j’avais une occasion de changer la dynamique, reprend Doreen Assaad. J’ai donc rassemblé une équipe multiethnique, multigénérationnelle et multidisciplinaire. On est à parité au conseil, qui est désormais très représentatif de la population avec six élus sur dix issus de la diversité.»Brossard s’est aussi dotée d’une Commission de la diversité culturelle, qui conseille les élus sur le développement des relations harmonieuses et la mise en valeur de la diversité. La mairesse entend poursuivre sur une recette qui marche: «Je crois en l’inclusion. À Brossard, on célèbre ce que nous avons en commun. Vivre ensemble, ça se passe admirablement bien ici, et je m’en réjouis. »

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