Industrie maritime: un gros bassin de postes à plus de 125 000 $ par an

Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 21 mai 2022On peut lire l'article ici.

Les entreprises maritimes sont des employeurs de choix dans plusieurs régions

Plus de 23 800 personnes gagnent leur vie au sein de l’industrie maritime québécoise, environ 63 % travaillent sur la terre ferme. On parle d’emplois très bien payés, avec des conditions très avantageuses.• À lire aussi: Industrie maritime: les technologies, une bouée de sauvetage• À lire aussi: Industrie maritime: la relève, un gros écueil« Des salaires entre 125 000 $ et 225 000 $, ce n’est pas rare dans notre secteur », déclare Mathieu St-Pierre, PDG de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES).Cet organisme vient justement de confectionner le premier portrait statistique de l’industrie depuis 2015, en collaboration avec Innovation maritime, un centre de recherche appliquée affilié à l’Institut maritime du Québec, une composante du collège de Rimouski.
Le grand patron de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES), Mathieu St-Pierre, sur les berges du fleuve.
PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈRE
Le grand patron de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES), Mathieu St-Pierre, sur les berges du fleuve.

On apprend notamment que le Québec compte 330 entreprises maritimes, qui transportent pour 18,2 milliards $ de nos exportations. Juste la valeur des marchandises transitant sur le Saint-Laurent et les Grands Lacs totalise 100,5 milliards $.Position centrale« C’est bien simple : 80 % de ce que nous consommons au quotidien a transité par navire, reprend M. St-Pierre. On a vu l’importance du transport maritime lorsqu’un cargo s’est échoué de travers dans le canal de Suez : ça a perturbé la chaîne d’approvisionnement mondiale. »Certaines entreprises québécoises dépendent totalement du transport maritime, comme la chocolaterie industrielle Barry Callebaut, de Saint-Hyacinthe, ou les alumineries Alouette et Rio Tinto. La moitié des emplois québécois de la métallurgie (aluminium et acier) dépendent du maritime.Une ouverture sur le mondeToutes les régions québécoises disposant d’un port ont un avantage majeur : une ouverture vers le monde. Celui de Montréal, le seul par lequel transitent des conteneurs, domine avec 34 millions de tonnes (Mt) manutentionnées ; Sept-Îles suit, avec 32,2 Mt, puis Québec (28,5 Mt) et Port-Cartier (25 Mt).« Le Québec est reconnu comme étant l’un des rares endroits dans le monde où il n’y a aucun goulot d’étranglement, comparativement aux ports de la côte ouest canadienne et américaine », reprend M. St-Pierre. Ainsi, la position géographique du port de Montréal est plus rapprochée du cœur industriel de l’Amérique du Nord que bien des ports américains.De quels secteurs sont les principaux clients de l’industrie ? Les mines, l’agroalimentaire et les marchandises transportées par conteneurs destinées ou venant d’Europe.On embaucheL’industrie maritime québécoise a entre 3000 et 4000 postes à pourvoir à court terme. C’est un défi de taille, car une bonne part de ces emplois nécessitent une qualification, du DEP au diplôme universitaire.Elle demeure méconnue et c’est dommage, car elle offre des emplois bien au-dessus du salaire minimum. « Et le taux de rétention est plus élevé que la moyenne : les gens aiment faire carrière chez nous, commente Mathieu St-Pierre. Certes, les horaires sont souvent variables, mais les primes sont en conséquence et les conditions sont très avantageuses. Nous sommes une industrie très attractive, peu importe où on se situe dans la chaîne. »Et il y en a pour tous les goûts : métiers de bureaux, camionneurs, conducteurs de machinerie lourde, de grues, de pelles, opérateurs de convoyeurs, matelots, capitaines, spécialistes de l’intelligence artificielle, de la logistique ou des biocarburants, etc.PRINCIPAUX SECTEURS CLIENTS DE L’INDUSTRIE MARITIME AU QUÉBEC

  • Compagnies minières
  • Agroalimentaire
  • Marchandises par conteneurs

DES BATEAUX PLUS ÉCOLOS SUR LE FLEUVE

Un navire de taille Saint-Laurent équivaut à 300 wagons ou 963 camions. C’est un argument indéniable pour la lutte aux GES.Un autre argument de taille : 1 litre de carburant permettra à une tonne de marchandises de parcourir 35 km en camion, 213 km en train et 243 km en bateau. Ces chiffres proviennent de la Société de développement économique du Saint-Laurent.En fait, l’industrie maritime du Québec est en pleine transition énergétique. Si l’Organisation maritime internationale dicte les règles en matière d’émissions de GES pour les navires, les initiatives locales se multiplient, notamment chez les armateurs.Le virage des biocarburantsAinsi, le Groupe CSL a pris le virage des biocarburants.« La saison dernière, ce furent huit de nos navires qui ont fonctionné au biodiesel pour un total de 30 000 heures de fonctionnement moteur, et plus de 17 millions de litres de carburant fossile qui ont été remplacés par du biodiesel provenant entièrement de matières renouvelables, 100 % organiques. Sa production n’affecte pas la chaîne alimentaire, est pratiquement carboneutre sur son cycle de vie, est disponible en quantité suffisante et ne requiert pas de modifications de moteur », explique Mariève Tremblay, cheffe de l’information et de la transformation au Groupe CSL.L’armateur a étudié plusieurs types de carburants alternatifs. Plusieurs seraient très prometteurs, mais pas encore au point pour une utilisation à grande échelle. Ce qui a mené à la décision d’adopter le biodiesel... qui est jusqu’à quatre fois plus dispendieux que le carburant fossile ! Ce qui place CSL dans une situation de désavantage compétitif par rapport à ses compétiteurs qui brûlent encore du carburant traditionnel.« C’est pourquoi nous demandons aux gouvernements fédéral et québécois de travailler avec nous pour développer des incitatifs pour l’utilisation du biodiesel dans le transport maritime. Avec les mesures appropriées, nous pourrions étendre l’utilisation de biodiesel à toute notre flotte, et avoir la première flotte carboneutre au monde », ajoute-t-elle.Comme plusieurs armateurs, CSL doit composer avec le fait que la réglementation ne favorise pas l’utilisation de biocarburants.« Comme pour toute nouvelle technologie, la réglementation et les incitatifs n’ont pas encore rattrapé les initiatives que nous avons mises en place », déclare-t-elle.CSL a aussi introduit des navires de nouvelle génération, moins polluants, comme le MV Nukumi, au moteur diesel-électrique.La décarbonation passe aussi par les ports. « Nous sommes bien placés pour offrir des alternatives au pétrole », explique Mélanie Nadeau, vice-présidente, affaires publiques et relations avec les communautés. « Ainsi, Montréal est le port ayant une des plus importantes offres d’électrification à quai, avec une vingtaine de places. »

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