Exproprier pour réaliser la future Promenade des Berges?

Publié sur le site web du Journal des Voisins, 8 octobre 2021On peut lire l'article ici.Pour réaliser la future Promenade des Berges, entre les parcs de l’Île-de-la-Visitation et Louis-Hébert, les autorités municipales devront surmonter plusieurs obstacles.Alors qu’Émilie Thuillier, la mairesse sortante d’Ahuntsic-Cartierville, en a fait une pièce majeure de son programme électoral, la future administration de Projet Montréal aura fort à faire pour convaincre plusieurs citoyens, organisations et institutions directement touchées par le projet.Pour faire avancer le projet, une administration Thuillier entend mener discussions, consultations et négociations en collaboration avec « tous les partenaires impliqués », quitte à les étirer jusqu’en 2025. Mais que, s’il le fallait, elle irait jusqu’à acquérir des terrains pour le faire aboutir.

« Nous n’en sommes pas encore là, commente Jérôme Normand, conseiller membre de l’équipe Thuillier et fortement impliqué depuis des années dans le projet de promenade. On veut avant tout trouver des solutions terre-à-terre, préparées des firmes spécialisées en architecture du paysage, pour désamorcer les appréhensions des propriétaires riverains concernées. On veut faire appel à l’intelligence collective et à la bonne foi de tous. On veut un projet réalisé pour le bien commun, sécuritaire, calme, beau… Il n’est pas question de brandir l’arme de l’expropriation à ce stade, mais, oui, nous avons cet outil à notre disposition. »

Lors d’une conférence de presse tenue jeudi dernier (7 octobre) au parc Maurice-Richard, l’équipe Thuillier a réitéré sa volonté d’aménager une promenade piétonne universellement accessible directement sur les berges, tel que réclamé depuis des années par les citoyens de l’arrondissement, d’ici 2025.

Sentier le long des berges au parc Maurice-Richard (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

Edmond-LaurendeauPour le moment, les divers propriétaires privés et institutionnels concernés refusent catégoriquement le projet. Sauf un.En conférence de presse, la mairesse sortante a rappelé que le CIUSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal lui avait fait parvenir une lettre d’appui. Les terrains du CHSLD Edmond-Laurendeau (rattaché au CIUSS) bordent la rivière.ParoisseMais d’autres propriétaires institutionnels refusent le projet.

« Notre position n’a pas changé », a confirmé vendredi dernier la porte-parole de l’Archidiocèse de Montréal, Erika Jacinto.

Rappelons qu’en juillet dernier, l’Archidiocèse avait justifié son refus dans ces pages pour des raisons de responsabilité civile.

« Une accessibilité trop facile pourrait entraîner des accidents et des poursuites », expliquait alors Caroline Clermont, responsable des bâtiments à l’Archidiocèse.

Une position que nuance le conseiller Jérôme Normand, de Projet Montréal. Vendredi, M. Normand a dit au JDV que les responsables de la Fabrique de l’Église de la Visitation, qui administre le monument historique, étaient « très ouverts au projet ».Des citoyens qui désirent conserver l’anonymat nous ont fait part du fait que refuser de partager les terrains derrière l’église n’était « pas très catholique »!Ignace-BourgetPar contre, l’Archevêché confie la gestion de la résidence Ignace-Bourget à l’organisme charismatique Le Chemin-Neuf, qui est aussi impliqué dans celle de l’église de la Visitation.

« Un projet bien conçu peut faire du sens à cet endroit, du moment qu’il y a un dialogue ouvert entre les autorités, les marguillers et le diocèse, ainsi qu’avec Hydro-Québec; cela s’inscrit dans l’idée d’ouverture propre à une paroisse », déclare Jean-Hubert Thieffry, prêtre et guide spirituel du Chemin Neuf, lors d’une entrevue menée fin septembre. « Mais en ce qui a trait à la résidence Ignace-Bourget, nous souhaitons conserver la quiétude des lieux et nous sommes contre le projet d’une promenade érigée directement sur les rives de la rivière, ajoute-t-il. Les étudiants qui logent chez nous viennent chercher du calme dans un contexte de retraite spirituelle. Nous souhaitons conserver ce calme, ce poumon, ce lieu de ressourcement, qui est tout de même ouvert à tous. » .

Précisons que le site est géré comme une résidence étudiante et qu’elle y organise des activités axées sur le cheminement spirituel.Des citoyens, qui désirent conserver leur anonymat, nous ont écrit pour signaler que Chemin Neuf occupait également un terrain situé au 1725, boul. Gouin Ouest, derrière la résidence Edmond-Laurendeau, face au CPE du Passe-Temps. Une confusion demeure entre les différents acteurs au sujet de l’utilisation de ce terrain.

Sentier le long des berges au parc Maurice-Richard (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

Berthiaume-du-TremblayLa directrice de la résidence Berthiaume-du-Tremblay (un complexe de résidences pour aînés incluant le Quartier des Générations) a refusé notre demande d’entrevue, pour nous répondre ceci par courriel :

« L’ensemble de notre personnel et de nos gestionnaires travaille actuellement en priorité sur la gestion de la 4e vague [de la pandémie] ainsi que sur les enjeux de la vaccination obligatoire pour tout le personnel. »

Par contre, Jérôme Normand nous a confirmé qu’il avait rencontré les dirigeants de la résidence et qu’il « sentait une certaine ouverture ».Signalons qu’un rapport d’aménagement d’une promenade sur les berges préparé pour Hydro-Québec par la firme Civiliti mentionne au passage qu’une promenade passant à proximité des résidences pour retraités permettrait de lutter contre le sentiment d’isolement qui affecte les aînés.Le JDV n’a pas contacté les autres propriétaires, notamment les Frères de Saint-Gabriel ou ceux des deux résidences privées situées à proximité du parc Louis-Hébert, avec qui le conseiller Normand entretient des discussions régulières.Rappelons que trois résidences privées donnent directement sur les berges, soit une maison unifamiliale à l’ouest du parc Louis-Hébert, et deux duplex à l’est de ce parc, toujours sur Gouin. Ces citoyens se sont regroupés sous le nom de Mobilisation Parc Louis-Hébert et s’opposent au projet de promenade sur les berges. Ils l’ont fait savoir lors des consultations menées par Hydro-Québec dimanche dernier (3 octobre).Hydro-QuébecLa position d’Hydro-Québec est la même depuis des mois : la société d’état écarte pour le moment l’aménagement d’une promenade sur l’enrochement qu’elle a aménagé récemment et propose plutôt une promenade passant en partie en bordure du boulevard Gouin, et non de la rivière. Hydro n’est pas propriétaires des terrains riverains, même si elle dispose d’une servitude d’environ 10 mètres pour effectuer ses travaux.Rappelons que la société d’État a mis de côté un projet d’aménagement sur les berges avec stations interprétatives (imaginé en collaboration avec la firme Civiliti). Hydro allègue qu’il faut que les propriétaires riverains donnent leur accord pour qu’un tel projet voie le jour.

Sentier piétonnier (à gauche) le long des berges à l’arrière de l’école Sophie-Barat (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

Appuis politiquesContactée par le JDV, l’équipe de la députée de la circonscription provinciale de Maurice-Richard, Marie Montpetit, rappelle qu’elle participe depuis plus d’un an à la Table de travail pour l’aménagement de la rive en regard du projet de réfection du mur de soutènement en amont du barrage Simon-Sicard.

« Elle y a encouragé, avec d’autres membres, la recommandation principale de la Table qui est la création d’un sentier piétonnier riverain, continu et accessible universellement, écrit par courriel son attaché politique Jonathan Boursier. Au travers les consultations qui se poursuivent, Mme Montpetit continuera de défendre que le prochain aménagement mise sur le caractère naturel et patrimonial du secteur. »

Par contre, M. Boursier rappelle dans le même courriel que :

« Concrètement, les maîtres d’œuvre du projet demeurent Hydro-Québec et la ville de Montréal/arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Toutefois, ils peuvent compter sur l’appui de Mme Montpetit pour un accès étendu aux berges. »

Dans un courriel séparé, l’attaché réitère qu’il « se tient actuellement une consultation [NDLR : celle du dimanche 3 octobre] et la parole est aux citoyennes et citoyens. »Enfin, du côté de la députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville Mélanie Joly, nous n’avons reçu aucune réaction malgré nos multiples demandes. Toutefois, en fin d’entrevue avec le JDV, quelques jours après la dernière élection fédérale, Mme Joly réitérait qu’elle s’engageait «également à appuyer les initiatives visant à protéger et à mettre en valeur les berges de la rivière des Prairies».

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