Le Réseau Mentorat plus fort que jamais
Publié dans le site web du Réseau Mentorat, 30 juin 2021On peut lire l'article ici.
La dernière pandémie de grande envergure, la Grippe espagnole, remonte à un siècle. Dire que la Covid-19 a déstabilisé tout le monde est un euphémisme : personne ne s’attendait à une telle crise! Mais, à la surprise de ses dirigeants, le Réseau Mentorat sort grandi et plus fort de la pandémie.
Les milieux d’affaires ont encaissé le coup à géométrie variable. Comme tout le monde, les entrepreneurs ont maintenu le cap, malgré les confinements, les zones vertes, jaunes, oranges, rouges, la première puis la seconde vague, les mutations du virus, l’évolution des mesures de distanciation, la vaccination tous azimuts, les incertitudes sanitaires et les petites victoires au quotidien. Ces périls ont été amplement abordés sur ce blogue. Tout comme l’évidente faculté d’adaptation et la résilience des entrepreneurs.Comment le Réseau Mentorat a-t-il passé au travers de cette crise? Plus fort. Plus pertinent. Plus créatif. Au-delà de la grande faculté d’adaptation du réseau, cette crise a illustré quelque chose de fondamental : l’incommensurable valeur d’un exercice fondamental pour la société, celle d’une discussion privée, humaine, transformatrice entre un mentoré et son mentor.Charles Sirois, président du conseil d’administration, et Pierre Duhamel, directeur général, font un bilan tout en nuances d’une année qui passera à l’histoire par ses extrêmes dans tous les domaines.Charles Sirois : Ça aurait pu être une très mauvaise année, mais au contraire, cette crise a permis de démontrer l’importance du Réseau Mentorat dans la société québécoise. Tout le monde a mis l’épaule à la roue et ce fut un succès incontestable, tant pour les mentorés, les mentors, les organismes porteurs que pour le Réseau Mentorat dans son ensemble.Pierre Duhamel : Au début du grand confinement, en mars 2020, l’environnement n’annonçait rien de bon. Mais nous avons prouvé que nous pouvions, comme organisation et comme écosystème, continuer à agir auprès des entrepreneurs et des communautés. On a transformé cette crise en quelque chose de positif.Notre réseau est désormais plus solide sur le plan qualitatif et quantitatif. La Covid-19 ne nous a pas empêchés d’effectuer de grandes réalisations, comme de lancer un nouveau programme de formation aux mentors intitulé « Accompagner l’humain entrepreneur », de signer des ententes et des projets pour agrandir le réseau ailleurs au Canada, en France et en Tunisie. Nous avons poursuivi une impressionnante remise à niveau de notre organisation, entamée il y a quelques années, recruté plus de 1700 mentors, mené plus de 80 ateliers de perfectionnement et créé un parcours pour nos chefs mentors et nos coordonnateurs locaux.CS : On a aussi appris à colliger et à exploiter nos données, pour mieux servir nos entrepreneurs, mieux organiser notre travail, mieux former nos mentors. Nous disposons désormais de données plus complètes dont nous ne soupçonnions même pas l’existence il y a tout juste deux ans.Le besoin de disposer de chiffres pertinents est fondamental et multidimensionnel pour améliorer notre organisation et mousser notre offre de services. Il y a une énorme différence dans la livraison de nos services lorsqu’il s’agit d’un groupe d’entrepreneurs de 30 ans, comparativement à un entrepreneur unique de 50 ans.Il est important de disposer de données sur nos mentors, car ils ont chacun un différent parcours en affaires; surtout si nous voulons nous adresser à des mentorés provenant de différents horizons.Ultimement, les données permettent de mesurer et démontrer notre impact dans la société. C’est d’une importance primordiale pour nos commanditaires, l’État québécois et les communautés d’affaires qui appuient nos actions. Ça nous permet de démontrer notre raison d’être et d’assurer notre pérennité.De pouvoir quantifier notre impact nous permet de savoir si nous sommes écoutés, pas seulement à Montréal ou à Québec. Le Réseau Mentorat se déploie sur l’ensemble du territoire québécois. Les données varient selon les territoires. Et notre réseau a des moyens de distribution qui lui sont propres. On doit pouvoir aussi quantifier notre pertinence et notre impact sur le plan régional. Pour nous, c’est fondamental.PD : Avec les données, on a appris qu’il n’existe pas un entrepreneur générique. Il y a des entrepreneurs : un jeune, un repreneur, une personne d’expérience, etc. Ça influe sur notre capacité à jumeler adéquatement les mentors et les mentorés.Quand j’explique notre réseau, je dis souvent qu’on a des gens partout, de Chibougamau à Ayer’s Cliff, des Îles-de-la-Madeleine à Val-d’Or. De cette présence partout sur le territoire, on en tire une immense fierté. Mais ça entraîne des défis particuliers : il faut être capable d’attirer et de desservir tous les types d’entrepreneurs, selon leur âge, leur statut, leur localisation, leur parcours. En d’autres mots, nous sommes hyperspécialisés sur le mentorat, mais hypergénéralistes sur les clientèles.
Leçons apprises de la pandémie
PD : Vous me demandez comment nous sommes passés au travers de la pandémie? Avec prudence, car il fallait protéger notre organisation, malgré les vents de face.On a très rapidement mobilisé le réseau, encouragé les mentors à échanger avec leurs mentorés à rétablir les liens très rapidement. On a donc mis le paquet pour les accompagner en mode virtuel. Passer à un environnement 100% numérique a constitué un énorme défi. On a tenu 33 webconférences, une série avec Danièle Henkel TV, un sommet France-Québec. Nous avons été très actifs pour maintenir notre présence sur le terrain. Résultat : on a eu 200 000 visionnements dans l’année. On n’a jamais rêvé d’une telle performance!Finalement, cette crise est devenue une opportunité typique du monde des affaires, que nous avons saisie avec brio.CS : En mars 2020, j’avais le sentiment qu’on plongeait dans l’inconnu. On ne savait absolument pas dans quoi on s’embarquait. Un de nos administrateurs, qui travaillait dans l’industrie aérienne, affirmait que cette crise allait durer des années et qu’il fallait devoir rapidement fermer les magasins. Je trouvais cela complètement exagéré et pessimiste. Évidemment, il avait raison. Mais, sur le coup, nous étions animés par un grand sentiment d’incertitude.Pour moi, on embarquait dans une aventure difficile, un environnement inédit. Au début, on pensait que ça ne durerait que quatre ou cinq mois… Personne n’aurait imaginé que les gouvernements fédéral et provinciaux injecteraient des milliards dans l’économie et que le déficit fédéral dépasserait les 400 milliards! Cette somme dépasse l’entendement. Mais, en contrepartie, on a évité une épouvantable crise économique.Cette pandémie a aussi permis de démontrer la grande force du mentorat : on a besoin de se parler en toutes circonstances. De fait, les sujets qui sont abordés entre mentors et mentorés ont été dans une certaine continuité d’une situation normale : quelle est l’attitude à avoir face à l’inconnu? Comment passer au travers? Cette fois, les mentorés se demandaient toutefois comment réagir alors que les employés étaient priés de rester chez eux pour télétravailler.Dès le début de la crise, il a fallu revoir en catastrophe les priorités, les budgets, la gestion, les plans d’action. Notre grande préoccupation, c’était de maintenir notre présence auprès de nos clientèles fondamentales : les mentorés, les mentors et nos organismes porteurs. Et de protéger notre monde. Et il a fallu aider nos mentors à mieux maîtriser les outils technologiques, vu l’âge de la majorité d’entre eux.Ce qui m’a le plus frappé au fil des mois, c’est que nous étions exactement sur notre « X » sur le plan des besoins des mentorés, des mentors et des organismes porteurs.Je retiens également ceci : la population a pris conscience des difficultés du métier d’entrepreneur avec la pandémie. Plusieurs ont réalisé que ce sont les entrepreneurs qui créent de la valeur dans la société. J’ai aussi observé un discours journalistique moins sévère face à l’entrepreneuriat. Un texte signé Stéphane Desjardins.