Les dangers connus et moins connus des prêts alternatifs

Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 10 novembre 2020On peut lire l'article ici.Malgré les changements à la loi et les poursuites, les prêteurs alternatifs abusent encore des personnes désespérées.Le 21 septembre, l’Office de la protection du consommateur (OPC) annonçait publiquement qu’Option Crédit inc. avait plaidé coupable d’avoir prêté de l’argent en facturant des frais de courtage, ce que ne permet pas la Loi sur la protection du consommateur.Cette loi prévoit que ces frais doivent être inclus dans le taux de crédit.FRAIS DE COURTAGEOption Crédit facturait un taux de 23,20 %. Avec les frais de courtage, qui peuvent facilement dépasser les 200 $, le taux variait entre 268 % et 295 %. L’OPC considère comme abusif un taux dépassant les 35 %. Me semble qu’à ce niveau, le prêteur est un shylock.Option Crédit est loin d’être seule dans son marché.L’OPC m’a fourni une liste d’une soixantaine de firmes détenant un permis : elle fait huit pages.« Si vous googlez “prêt rapide”, vous aurez des dizaines de résultats, commente Mathieu Lauzon, de l’ACEF du Nord. Les frais de courtage sont désormais interdits par la loi, mais ces entreprises utilisent toutes sortes d’expressions ou de concepts pour la contourner. »De plus, pour recruter leurs clients, ces firmes claironnent souvent qu’elles ne font aucune enquête de crédit et qu’elles accordent le prêt en quelques minutes ou quelques heures. La plupart ne fonctionnent que sur internet. Elles déposent l’argent directement dans le compte de banque. Le client a quelques semaines ou mois pour rembourser. Le prêt typique varie de 300 $ à 1500 $.SPIRALE D’ENDETTEMENTPour M. Lauzon, dont l’organisme appuie régulièrement des gens qui font affaire avec ces entreprises, ce type de prêt entraîne généralement l’emprunteur dans un trou sans fond.Les clients de ces firmes en sont souvent à leur troisième ou quatrième prêt et ne peuvent plus les rembourser à cause des taux abusifs. Au départ, aucune banque ou caisse ne veut leur prêter parce qu’ils ont un mauvais dossier de crédit. Et ils ne peuvent ou refusent d’emprunter à des proches. Plusieurs remboursent leurs prêts avant de payer le loyer et la nourriture.Très peu d’entre eux se plaignent aux autorités. Depuis un an, l’OPC a tout de même enregistré 256 plaintes, notamment pour fausse représentation, manque de permis, coûts et intérêts élevés, obligations abusives, etc. « L’emprunteur typique est souvent une personne vulnérable ou qui vit une situation de précarité financière ; il n’est pas porté à se plaindre », confirme Charles Tanguay, porte-parole de l’OPC.

CONSEILS

  • Avant d’utiliser les services d’un prêteur alternatif, appelez l’ACEF près de chez vous (consommateur.qc.ca). L’aide est gratuite : on peut s’en sortir.
  • Évitez d’emprunter à un proche : vous risquez d’affecter sérieusement votre relation. Contactez plutôt votre ACEF.
  • La loi précise qu’un prêteur dont le taux excède les 20 %, additionné au taux directeur de la Banque du Canada (actuellement autour de 1/4 %), doit évaluer la capacité de payer et renseigner le client sur son ratio d’endettement. Et si le taux dépasse 35 %, le prêteur doit vous le dire : s’il ne le fait pas, passez votre tour.
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