L’entrepreneuriat : l’affaire de toutes les générations

Publié dans le blogue du Réseau Mentorat, 3 juin 2020On peut lire l'article ici.

Se lancer en affaires, ce n’est pas juste pour les jeunes. C’est une aspiration qui nourrit toutes les générations. C’est ce que confirme le l’Indice entrepreneurial québécois 2019 publié ces jours-ci par la Fondation de l’entrepreneurship.

Stéphane DesjardinsCertes, il y a la pandémie, qui vient brouiller les cartes. Car les données recueillies pour colliger l’Indice l’ont été avant le grand confinement. Mais il y aura une vie après la Covid-19. Et les auteurs du rapport n’en démordent pas : les tendances qu’illustre l’Indice se renforcent avec les années et traduisent une lame de fond qui ne s’arrêtera pas.« Le dynamisme entrepreneurial, ce n’est pas juste l’apanage des jeunes, mais de toute la population active du Québec », commente Rina Marchand, directrice principale contenus et innovation à la Fondation de l’entrepreneurship, l’organisme qui produit l’Indice depuis maintenant 11 ans et qui est à l’origine du Réseau M – mentorat pour entrepreneurs. « La Covid-19 aura fort à faire pour éteindre le désir d’entreprendre, qui est désormais ancré dans toutes les strates de la population. »

Pas que les jeunes

Ce qui ressort clairement de l’Indice 2019 est la volonté des personnes plus âgées de vivre l’expérience de l’entrepreneuriat.Par exemple : au sujet de la culture entrepreneuriale (« L’entrepreneuriat est-il un choix optimal de carrière? »), les 18-34 ans indiquent depuis très longtemps qu’il s’agit de leur priorité. Or, cette année, ça l’est aussi pour la première fois chez leurs aînés, toutes tranches d’âge confondues dans la population active.Autre exemple : en 2018, 36,9 % des 18-34 ans indiquaient vouloir se lancer en affaires en 2018. Ce taux est tombé à 30,8 % en 2019. Par contre, chez les 35-49 ans, il est passé de 26,2 % en 2018 à 31,8 % en 2019. Autrement dit, c’est la première fois depuis qu’on publie l’Indice que les plus vieux ont davantage l’intention d’entreprendre que les plus jeunes!Chez les 50-64 ans, cette intention est aussi à la hausse à 16,1 % en 2019, comparativement à 11,5 % en 2018. Il s’agit d’un bond significatif.« Cette année, les 35-49 ans représentent le tiers des nouvelles démarches effectuées dans la dernière année, ajoute Mme Marchand. Ce ne sont plus que les jeunes qui se lancent massivement en affaires. Et ce n’est pas juste une question de sondage d’opinion : on le constate sur le terrain, au sein du Réseau M et aussi chez les organismes de développement économique et social. »

C’est encore mieux avec l’âge!

Plus les gens vieillissent, plus ils semblent motivés. Prenez ceux qui font des démarches pour se lancer en affaires : chez les 18-34 ans, la proportion est de 12,5 %; mais chez les 35-49 ans, elle est de 16,1 %!Même chez les 50-64 ans, on note une hausse de ceux qui passent à l’action avec des démarches : 8 % en 2019, contre 5,5 % en 2018. « C’est tout de même une augmentation de 45 % », commente Mme Marchand.Revenons aux motivations des « démarcheurs » : 48,2 % des moins de 35 ans entendent s’accomplir personnellement, réaliser un rêve ou une passion. Cette proportion est supérieure chez leurs aînés! C’est ainsi chez 59,5 % des plus de 50 ans. Qui a dit que plus les années passent, moins on a d’ambition…

Le contexte

Rappelons-le : l’enquête fut réalisée avant la pandémie, alors que le taux de chômage était à un creux historique, que le Québec vivait une pénurie d’emplois et que l’économie roulait à fond la caisse. Dans ce contexte, les gens envisagent l’entrepreneuriat non pas comme un mode de survie, mais bien comme un style de vie qui leur permet de s’accomplir personnellement.« Il faut le reconnaître, au fil des ans, tout un écosystème d’accompagnement à l’entrepreneuriat s’est constitué au Québec, constate Rina Marchand. De nombreuses institutions accompagnent les entrepreneurs en devenir, à toutes les étapes du développement de leurs entreprises. Et les émissions de télé, comme les Dragons, l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les écoles, les concours tels OSEntreprendre ont aussi stimulé le désir d’entreprendre. »

Se lancer après 35 ans

Est-ce plus « porteur » de se lancer après 35 ans? Peu d’études se sont penchées sur cette question, mais on constate dans l’Indice que le taux de fermeture des entreprises fondées par les plus de 35 ans est deux fois moins élevé que celles fondées par les moins de 35 ans. En revanche, la tendance chez les entreprises fondées avant 35 ans en est une portée vers la croissance et un nombre d’employés plus élevé.Expérience de la vie, des affaires, détermination plus élevée, maturité plus grande? Difficile de cerner toutes les conditions de succès des plus de 35 ans. Mais il faut désormais adapter l’écosystème d’accompagnement des nouveaux entrepreneurs à cette incontournable réalité.« Il faut pouvoir continuer à accompagner les jeunes tout en faisant une plus grande place aux entrepreneurs de plus de 35 ans dans nos différents programmes. Ils ont un bagage formidable, des idées, des aspirations, de la volonté. Pourquoi se priver collectivement d’un grand potentiel? »Fait à noter, le Réseau M accueille les entrepreneurs de tous les âges, qu’ils soient mentorés ou mentors…

Et les femmes?

On le dit depuis longtemps : les femmes se lancent beaucoup moins en affaires que les hommes. Ce n’est plus vrai.C’est même une quasi-égalité chez les nouveaux propriétaires d’entreprises : 52 % des hommes et 48 % des femmes. Chez les jeunes (18-34 ans), le taux est le même pour les femmes et les hommes : 3,4 %. Et le taux global des femmes en affaires a augmenté de 2018 à 2019 (il est passé de 5,2 % à 5,6 %). Il a même diminué chez les hommes pour la même période (de 7,6 % à 6,8 %).« En 2017, nous avions publié un numéro spécial de l’Indice portant sur les femmes entrepreneures, commente Mme Marchand. On y avait souligné une hausse constante de celles qui passent à l’action. Ça n’a pas changé. »On y revient : la présence de nombreux modèles de femmes qui ont du succès en affaires y est pour quelque chose, tant au sein de la grande entreprise que chez la PME. L’arrivée de Sophie Brochu à la tête d’Hydro-Québec, qui est considérée comme l’ultime plafond de verre québécois, et les accomplissements de femmes comme Isabelle Hudon, Sofia Sokoloff, Christiane Germain, Véronique Cloutier, Manon Brouillette, Monique Leroux ou Danièle Henkel ont certes des répercussions sociales.

Et les immigrants?

Partout dans le monde, les immigrants sont plus nombreux à se lancer en affaires que la moyenne des populations dans leurs sociétés d’accueil. C’est une question de survie et de mentalité. Le Québec n’échappe pas à ce phénomène.« C’est même une tendance lourde, analyse Rina Marchand. Une personne sur quatre au Québec qui a l’intention d’entreprendre est d’origine immigrante. Du côté des démarches, le taux est deux fois supérieur chez cette même tranche de la population. »Fait à noter : les deux tiers des jeunes hommes immigrants et la moitié des jeunes femmes immigrantes caressent le rêve de l’entrepreneuriat!« S’il y avait un seul grand message à retenir de l’Indice 2019, nous indique Rina Marchand, c’est que nous avons un bel héritage à laisser à nos enfants et au Québec de demain : le pouvoir de se réaliser, de créer et d’entreprendre est pour tous. » Pour consulter le rapport : https://indiceentrepreneurialqc.com/rapports/indice-2019/

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