Sociofinancement: une solution pour vos projets d’affaires
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 17 mai 2017
On peut lire l'article ici.
Le sociofinancement (crowdfunding), c’est la philanthropie adaptée à l’économie du partage. Une plateforme internet affiche des projets en manque de fric. Les internautes y effectuent des dons et obtiennent, éventuellement, une contrepartie.
Au Québec, CycleLabs a récolté 538 723 $ auprès de 3354 contributeurs sur Kickstarter pour son SmartHalo, un GPS pour vélo. Zachary Richard a un objectif de 45 000 $ pour son 21e album, tandis que plus de 400 personnes ont versé plus de 60 000 $ pour le cinquième disque d’Annie Villeneuve. On estime à 41 millions $ le marché canadien et à une dizaine de milliards $ américains le marché mondial, excluant le financement participatif par prêt (crowdlending).
Le sociofinancement touche à tout: technologie, livres, disques, films, vêtements, cours, artisanat, théâtre, jeux de société, spectacles, BD, nourriture, expositions, immobilier, PME en démarrage, charité, causes sociales... Vous donnez 5 $, 10 $, 50 $, 500 $. En retour, on vous promet une contrepartie en fonction de votre don.
On compte trente plateformes de sociofinancement au pays (une liste: bit.ly/2pxfQUX), dont six québécoises: Cuban Hat, GoTroo, Haricot, La Ruche, RealStarter, Yoyomolo. S’ajoute la filiale québécoise de la Française Ulule, un des leaders mondiaux avec GoFundMe, Kickstarter et Indiegogo.
Chacune permet de trouver une campagne selon vos champs d’intérêt. Mais il est difficile, sur les plateformes étrangères, de repérer les Québécoises.
Des bons coups, mais...
Certaines contreparties sont de véritables aubaines. Mais de nombreux promoteurs dépassent l’échéance promise par manque d’expérience ou pour des bourdes en série. Ainsi, ceux qui ont sociofinancé le SmartHalo ont attendu deux ans. Pire: le développement du jeu vidéo Star Citizen (188 millions $ en sociofinancement) se fait désirer depuis... 2012. Vous acquitterez aussi des frais de livraison ou de conversion de devises.
Les plateformes de sociofinancement ne sont pas responsables si le produit ne vous est jamais livré ou n’est pas à la hauteur, comme des chaussettes inusables trouées le premier jour (véridique). Et si leur service à la clientèle est souvent inapte, elles ne remboursent personne une fois l’argent versé aux promoteurs.
Attention !
Attention aux escroqueries: on a vu des bidules sociofinancés à 20 $ se vendre ailleurs moins de 2 $. En quelques minutes, j’ai recensé une trentaine de fraudes sociofinancées ayant récolté des millions $. En 2016, le taux de succès global canadien a été de 20 %, selon le Fonds des médias du Canada. Il est de 33 % chez Indiegogo et de 44 % chez Kickstarter, selon medium.com, et de 68 % chez Ulule. Chez Kickstarter, Ulule et La Ruche, le promoteur qui rate son objectif ne reçoit rien et on vous rembourse. Chez Indiegogo, le promoteur est payé quand même. Bonne chance s’il ne livre pas la marchandise!
On peut toujours déposer une plainte en contactant l’Office de la protection du consommateur (1 888 672-2556 – opc.gouv.qc.ca), mais toutes les campagnes de sociofinancement ne sont pas assujetties à la loi.
CONSEILS
- Réservez une carte de crédit dédiée aux achats en ligne et à Pay Pal (maintenez la limite à 500$), pour vous protéger de la cyberfraude.
- Vérifiez régulièrement l’évolution d’une campagne à laquelle vous avez participé, si la plateforme rembourse ou non en cas d’échec.
- Méfiez-vous des produits trop beaux pour être vrais, dépourvus de prototypes, ou des aubaines du siècle.