Faut-il dire non à ses enfants?
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 14 janvier 2017
On peut lire l'article ici.
C’est presque tabou, mais les retraités doivent parfois se protéger de leurs enfants.
En discutant avec des conseillers financiers, ils m’ont révélé des exemples souvent pathétiques de jeunes retraités dont le patrimoine est siphonné par leurs enfants. Comme ce père qui effectuait des retraits de 10 000 $ par mois pour sortir son fils toxicomane de la dèche. Il a flambé 150 000 $. Un couple qui donnait 5000 $ annuellement à chacun de ses quatre enfants... qui finançaient ainsi leurs voyages à Cancún. Le conseiller a suggéré de diminuer la somme et les enfants ont protesté en manipulant leurs parents.
Disparu en quelques mois!
Ou cette femme qui a hérité de son mari une forte somme issue de la vente de la PME familiale. Elle a ensuite financé les automobiles qui devaient transporter ses enfants aux études. Rapidement, ces derniers ont cessé d’étudier, mais voulaient encore des cadeaux. Le patrimoine a disparu en quelques mois!
Autre exemple: une jeune mère de famille monoparentale qui a demandé aux grands-parents de financer les études secondaires de leur petite-fille au collège privé. Puis, ce fut le cégep, l’université, la maîtrise. Les études ont finalement coûté 60 000 $. La jeune femme avait pourtant droit aux prêts et bourses... qu’elle n’a pas demandés. D’autant plus que sa maman aurait pu investir dans une bourse d’études (qui s’accompagne d’une subvention!) quand sa fille était en couches, pour 20 $ par mois. Treize ans plus tard, à 75 ans, les grands-parents ont réhypothéqué leur maison.
Difficile de dire non
Le problème, c’est que les parents ont de la difficulté à dire non à leurs enfants. Même contre la logique. Et ça se complique quand on subit des pressions de leur part. À moins qu'ils ne soient pratiquement dans la rue, pourtant, rien ne presse.
Afin de protéger votre patrimoine de telles situations, la meilleure démarche, c’est de tenir un conseil de famille avec vos enfants, de fixer un montant qu’ils hériteront de votre vivant et de rester ferme: ils n’auront pas un sou de plus jusqu’à votre mort!
Le mieux, c’est de tenir ce conseil de famille plusieurs années avant la retraite, en présence d'une personne neutre, comme un expert budgétaire de l'ACEF de votre région ou votre conseiller financier, qui appuiera vos décisions avec des arguments logiques, voire fiscaux.
Ensuite, si possible, épargnez davantage pour financer ces dons et assignez une date de versement, la plus éloignée possible dans le temps. Vous devez considérer ces dons comme des projets spéciaux, qui devront être capitalisés en sus du patrimoine servant à acquitter vos dépenses courantes à la retraite (logement, habillement, nourriture, loisirs). Au même titre que vos passions de nouveau retraité (voyages, golf, ski...). Vous éviterez ainsi de grever votre précieux patrimoine.
Conseils
- L’amour et le temps de qualité passé avec vos enfants importent davantage que les dons en argent et les cadeaux.
- Contactez un conseiller, idéalement un planificateur financier, pour organiser les détails de votre démarche. Ne prenez jamais de décision précipitée.
- Si vous héritez avant de prendre votre retraite, payez vos dettes et consacrez le solde à votre patrimoine, pas à des cadeaux pour vos enfants. Ils peuvent attendre.