Les garanties prolongées : dire oui ou non
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, Section Dans vos poches, 6 février 2014
On peut lire l'article ici.
La Cour d’appel a autorisé, hier, la tenue d’un important recours collectif qui se fera contre sept détaillants de meubles et d’électroménagers au Québec touchant les garanties prolongées. La façon dont elles sont offertes aux clients semble poser des problèmes aux clients.
Doit-on acheter une garantie prolongée? Les consommateurs se posent chaque fois la question lorsque le vendeur propose sa garantie pour mieux le protéger.
Vous achetez un ordi, un ampli, un meuble, une voiture, une perceuse... Le vendeur vous offre une garantie prolongée de 36 mois pour 250$. Dites non.
Pourquoi? Si son produit est si bon que ça, pourquoi acheter une protection supplémentaire?
Presque tous les biens de consommation, y compris les voitures, sont couverts par la garantie légale, qui précise qu'un bien doit servir normalement à l'usage auquel il est destiné (un grille-pain doit griller le pain) et pour une durée raisonnable, que la loi ne définit pas! La garantie conventionnelle (celle du fabricant) s'applique même si le détaillant (ou le fabricant) disparaît. L'un ou l'autre doit l'honorer en toute circonstance. En cas de refus, vous n'avez qu'un seul recours : la Cour des petites créances. Bonne chance!
Exclusions
Un argument pour la garantie prolongée?
Non, car elle est souvent truffée d'exclusions (v. tableau). C'est rarement clair et c'est écrit en tout petits caractères. Certaines clauses se contredisent!
La garantie prolongée peut parfois offrir des avantages. Par exemple, si le marchand vous offre de remplacer le produit sur le champ ou s'il vous offre toute une gamme de formations gratuites, comme le fait Apple dans ses magasins avec sa protection vedette Apple Care. Mais, dans l'écrasante majorité des cas, vaut mieux se tenir loin de ce racket parfois très coûteux.
C'est que les garanties prolongées représentent de 10% à 33% du prix du produit. Souvent plus. Pourtant, entre 40 et 75% des appareils électroniques sont vendus avec une telle garantie. Au Royaume-Uni, on a déjà vu un radio-réveil en vente pour 19£ (environ 30$) dont la garantie prolongée coûtait 20£. « Aussi bien acheter deux radios au cas où un des deux brise », rapporte Eric Earnum, éditeur de Warranty Week, un site web destiné à l'industrie des garanties prolongées.
Assurance
De plus, une garantie prolongée typique dure cinq ans. Mais la garantie légale est de trois ans. Vous payez pour une « protection » réelle de deux ans... souvent pour rien. Aux États-Unis, selon Consumer Reports, seulement 8% des téléviseurs de 30 à 36 pouces avaient dû être réparés trois à quatre ans après l'achat. Les ordinateurs portatifs tombent plus souvent en panne (43%), mais presque toujours après la fin de la garantie prolongée, selon la firme Gartner.
La garantie prolongée est une assurance. Les détaillants l'assument eux-mêmes, par une filiale, ou la refilent à un assureur. Quand Dumoulin a fermé il y a deux ans, Centre Hi-Fi n'a racheté que la marque de commerce, l'inventaire et le système informatique. QMI avait rapporté que les garanties étaient regroupées dans une société-soeur de Dumoulin. À la faillite, ce sont les créanciers qui ont empoché entre 2 et 5M$. Les clients ont tout perdu.
Des exemples d'exclusions
• Vous échappez le bien
• Vous l'utilisez en « milieu humide » : un iPhone qui ne fonctionne plus quand il pleut! (véridique)
• Les frais de transport ne sont pas couverts ou excèdent parfois le prix du produit
• Exclusions de certains composants (le silex d'une cafetière) ou de l'usure normale (les freins).
Nos conseils
• La loi de la Protection du consommateur oblige le commerçant à mentionner l'existence de la garantie légale prévue ainsi que la garantie du fabricant. Il doit même vous remettre un petit feuillet de l'Office de la protection du consommateur (OPC).
• Refusez systématiquement les garanties prolongées.
• Lisez les critiques et commentaires du produit convoité sur Internet avant d'acheter.