Pierre Bruneau : le cycliste authentique
Publié dans Vélo Urbain, juillet 2013, page 14
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Texte : Stéphane Desjardins / Photo : Stéphanie Lachance
Pierre Bruneau ajoute, chaque année, 3 000 km à son compteur de vélo. Il aime la vitesse, la montagne, les grands espaces et la ville. Il roule depuis son enfance. Une passion, un mode de vie. Le chef d’antenne de TVA ne se souvient plus quand il a enfourché son premier vélo. «J’étais ti-cul et une de mes tantes avait un chalet à 6 km de chez nous. À 8 ans, je partais de Victoriaville pour la visiter. Je prenais des routes de campagne, on allait aux cerises; c’était magique. Nous n’étions pas riches, mais tous les membres de la famille avaient un vélo.» Bruneau a vieilli et l’arthrose l’a rattrapé. En 2009, on lui met une prothèse dans chaque genou. L’opération a lieu le 30 avril. Le 5 juin, il fête ses 57 ans à vélo. Dix kilomètres. «Je me suis senti renaître avec mes genoux neufs. Une vraie thérapie! Depuis ce temps, je roule, je roule.»
Il a longtemps habité la Rive-Sud. Il se tapait le pont Jacques-Cartier, soir et matin. «Beau temps, mauvais temps, je pédalais entre Saint-Lambert et TVA. Le froid ne m’inquiétait pas. C’était mon mode de transport.» N’empêche que, avec le recul, il considère toujours le pont Jacques-Cartier comme un véritable défi. Aussi difficile que bien des obstacles pour le commun des mortels. «Les gens qui le traversent, ils sont réellement forts. On monte très haut avant de redescendre. Ce pont, c’est un très bel exemple qu’on peut se dépasser soi-même sur un vélo. Les cyclistes de tous les jours doivent reconnaître leurs exploits avant de se comparer à l’élite.»
Aujourd’hui, il habite Montréal, près du parc La Fontaine. Il marche jusqu’à son bureau. Puis de nouveau le soir, pour de longues promenades avec sa femme. Parfois jusqu’à 10 km. Une sorte de pèlerinage à travers le Mile-End, le Plateau-Mont-Royal ou le Centre-Sud. Pour lui, cette plage d’activité est devenue essentielle. «J’écoute évidemment beaucoup de télé. Alors, le soir, je marche. Ou je roule.» Il pratique aussi la randonnée en montagne. Cette année, ce sera la GR20, en Corse. Il a aussi fait le mont Blanc. Des randonnées assez cardio, merci. Il s’entraîne aussi intensivement pour son Tour annuel CIBC Charles-Bruneau, un événement cycliste qu’organise la Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau, qu’il a créée en mémoire de son fils, mort du cancer. C’est un intense périple de 900 km en 5 jours. «Nous avons fait Montréal-Gaspé, Montréal-Alma, Lebel-sur-Quévillon, Percé, Chandler, Sept-Îles.»
Un amoureux du mont Royal
Sa destination vélo préférée en ville? La montagne. Pierre Bruneau gravit la voie Camilien-Houde sans sourciller. Souvent deux fois de suite. Il en profite pour explorer le parc et ses contreforts. Pour lui, le mont Royal est tout simplement une merveille de paysage urbain. Une oasis incontournable.
Il sillonne aussi beaucoup les routes de campagne. Les grands espaces l’inspirent, lui donnent de l’énergie. Il savoure des paysages magnifiques et avoue, comme beaucoup de compagnons de route, qu’il a un down à la fin de l’automne, quand il faut remiser sa monture. «C’est un mode de vie. Mais je n’ai pas toujours été aussi maniaque. Avec les années, j’ai développé une méthode pour rouler selon les différents terrains. On n’a pas toujours eu des vélos aussi sophistiqués qu’aujourd’hui. J’ai longtemps roulé avec de lourds vélos d’acier à 12 vitesses, équipés de gros pneus. Et à l’époque, constate-t-il, c’était moins sécuritaire. Les mentalités ont changé. Les automobilistes partagent désormais plus facilement la route. Autrefois, on se faisait klaxonner.»
Il reconnaît que le vélo a beaucoup progressé dans la société québécoise, surtout en ville. Mais certains secteurs sont plus réfractaires, comme l’arrondissement Saint-Laurent, où les infrastructures sont pratiquement inexistantes. «Remontez 10 ans en arrière, et il y avait beaucoup moins de pistes, pas de BIXI, pratiquement pas de stationnement. Dans une décennie, ce sera extraordinaire.»
Un appel au civisme
Pierre Bruneau aime toutefois de moins en moins rouler en ville. Il dénonce les comportements délinquants des cyclistes urbains. «Environ 20% ne respectent jamais les règlements. Ils te coupent sur un feu rouge et t’engueulent! Il va falloir que les cyclistes québécois se disciplinent. À Amsterdam, les gens roulent dans la rue. Pas besoin de pistes cyclables, là-bas, car ils sont disciplinés. Ici, c’est dangereux pour les piétons. On fait une petite campagne de sensibilisation chaque printemps: la police donne des contraventions pendant deux semaines et disparaît le reste de l’année.»
Il se dit contre les mesures coercitives mais se demande si la sensibilisation a atteint ses limites. «On dirait que posséder un vélo, ça donne la permission d’enfreindre toutes les règles. Quand je vois des parents passer sur les feux rouges, quel genre d’exemple donnent-ils à leurs enfants? On dirait que les gens ne sont plus responsables de rien, aujourd’hui. Vous me trouvez sévère? Je suis moi-même cycliste.» Et il l’affirme doucement, avec son sourire et sa gentillesse proverbiale. Le vélo n’a pas meilleur ambassadeur que Pierre Bruneau.
Fiche
Nom : Pierre Bruneau
Profession : Chef d'antenne, Réseau TVA
Âge : 61 ans
Faits d'armes :
• Études à l'Université du Québec à Trois-Rivières
• Au début des années 1970, il est animateur et journaliste pour des postes de radio de Victoriaville et Trois-Rivières.
• En 1973, il est embauché comme animateur chez Télé-Métropole (TVA) : il devient rapidement une vedette du petit écran.
• Il est chef d'antenne chez TVA Nouvelles depuis 37 ans.
• Il s'implique fortement dans la lutte contre le cancer et la leucémie infantile.
• Ex-porte-parole de Leucan avec son fils Charles avant que celui-ci ne décède, en 1989.
• Créateur et porte-parole de la Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau, rattaché à l'Hôpital Sainte-Justine
• Après les attaques du 11 septembre 2001, il devient chef d'antenne du nouveau bulletin de nouvelles de 17h, en plus de celui de 18h et co-animateur du bulletin de 11h45.
• Il sème la controverse en 2007 en commentant les déboires de Radio-Canada lors d'une soirée électorale, par des mots devenus célèbres : « Rigueur, rigueur, rigueur ».
Loisirs :
• Vélo, vélo, vélo
• Marches presque quotidiennes dans le parc Lafontaine et le Plateau Mont-Royal
• Ascension du Kilimajaro deux fois, pour sa Fondation
• Marche en montagne : Camp de base de l'Éverest, Machu Pichu, Grande muraille de Chine, Mont Blanc, GR20 (Corse)
Honneurs :
• 13 trophées Artis
• Ordre national du Québec (2008)
• Ordre national du Canada (2012)
• Chevalier de l'ordre de la Pléiade (2004)
• Ordre de la francophonie et du dialogue des cultures (2004)
Le vélo dans le sang :
• Participe chaque année au Tour cycliste CIBC Charles-Bruneau (entre 600 et 800 km : 2,3M$ récoltés en 2012)